Loretta Banana

Curiosités

Mon guide Côte d’Azur (adresses food et sorties culturelles)

[Cet article est édité en plusieurs volets dont voici le premier : mes adresses food et culturelles]

Si comme moi vous prenez vos quartiers d’été sur la Côte d’Azur (dit avé l’accent) ou simplement si vous prévoyez de vous y rendre bientôt, alors ces quelques adresses devraient probablement vous intéresser ! Il faut dire que le sud de la France est un peu ma seconde maison et j’ai amassé avec les années un certain nombre de lieux qui valent le détour : entre Nice et Sainte-Maxime, vous trouverez une sélection d’endroits qui font battre mon coeur !

Restaurant intimiste végé friendly, sorties culturelles, piano-bar années 20, shopping responsable/vintage/seconde main, brocantes ou jolis lieux pour siroter un Monaco, vous trouverez tous les lieux qu’il me tarde de visiter quand j’embarque dans le Train Bleu (bon, en vrai il ne s’appelle plus du tout comme ça – c’est plutôt désormais Paris-Gare-de-lyon-Nice-ville avec une série de chiffres un peu pénible – mais le Train Bleu est son ancêtre, et il a servi de décor à l’un des romans noirs d’Agatha Christie tout comme l’appellation du restaurant historique de la Gare de Lyon à Paris, mais bref, je digresse, une fois de plus) !

👉 Allez, hop, enfilez votre chapeau et étalez bien votre crème solaire, en route pour la Cagolie !


⛱Les plus jolis endroits où flâner sans but précis :⛱
Facile de déambuler dans de jolies villes, dans le sud ! Il y en a partout ! Toutefois, si comme moi vous appréciez les petites ruelles typiques, je ne saurai que vous conseiller le vieux Nice et ses allures d’Italie, Sainte-Maxime et ses étroites rues pavées bordées de petites boutiques, ainsi que le vieux Fréjus.

Enfin, pour tous les amoureux d’Art Deco, un détour obligatoire s’impose par Nice et Cannes, où l’on peut trouver d’incroyables bâtiments Art Deco à chaque coin de rues ! (Pour rester d’ailleurs dans la thématique Art Deco et années 20, sautons à la rubrique suivante (> Réveiller ses papilles) dans laquelle je vous dévoile une adresse pour croiser le fantôme de Gatsby le magnifique !)


🍹Pour réveiller ses papilles :🍹

Siroter un Monaco à Nice 🍺 :


Un bout de Paris sur la Promenade des Anglais ? C’est désormais possible avec l’Hôtel Amour qui a posé ses bagages dans le sable de Nice avec son bar de plage “Hôtel Amour à la Plage”. La terrasse est colorée, bien protégée du soleil (une donnée importante pour moi qui suis un vrai vampire) et c’est l’endroit idéal pour un petit Monaco bien mérité après avoir arpenté les boutiques vintage. Mention spéciale pour le service qui est adorable et les canapés pour se prélasser !
[Hôtel Amour à la Plage – 47 Prom. des Anglais, 06000 Nice]

Prendre son petit déjeuner chez Dior 🥐:

Le chic non ostentatoire est pour moi le vrai chic ! Pour tout vous dire j’ai en horreur les lieux prétentieux et m’as-tu-vu et dieu sait qu’ils sont légions dans ce coin de la French Riviera. Et cela tombe bien puisque l’établissement Dior Des Lices à St Tropez est tout sauf ainsi ! Pourtant, ce n’était pas gagné vu la localisation et même si je ne suis pas une grande fan du Saint-Tropez touristique (je lui préfère les hauteurs qui sont beaucoup moins fréquentées) j’apprécie d’y passer malgré tout une demi-journée de temps en temps. En prenant le ferry tôt le matin, vous esquivez les routes encombrées mais surtout l’émeute de vacanciers venus parader sur ou devant les yachts. Et vous aurez tout loisir de déguster un café frappé dans les sièges en rotin façon tiki du Dior des Lices ! Leurs croissants sont d’ailleurs aussi délicieux que leur personnel est charmant. Bref, une adresse à ne pas rater !


[Dior Des Lices – 13 Rue François Sibilli, 83990 Saint-Tropez]

Déjeuner chic (et végétarien) Chez Bruno 🍄


Je ne vais pas y aller par quatre chemins : il s’agit d’un de mes restaurants préférés préférés préférés (comme Eva Longoria 💁‍♀). J’aime autant le cadre (un écrin de verdure qui rappelle un jardin perdu de conte de fées, mais aussi une véranda et une salle de déjeuner au mobilier Art Nouveau) que ce qui se trouve dans l’assiette. Et pour cause : leur spécialité est la truffe déclinée à toutes les sauces (et même en île flottante). Chez Bruno, les plats sont savoureux et de saison, le personnel aux petits soins, et le chef prend souvent le temps de venir présenter ses produits (il m’a même dédicacé un menu 😎). Enfin, pour ne rien gâcher : il y a un menu végétarien qui ne prend pas les végétariens pour des lapins. Le menu est, comme vous l’imaginez, assez onéreux (comptez 80 euros minimum environ), mais il vaut franchement le détour. Au final, préférez un bon et beau restaurant que des myriades d’attrapes-touristes peu recommandables qui vous coûteront aussi chers au final. Oh, et un dernier conseil : mieux vaut manger léger la veille !
[Chez Bruno – 2350 Route des Arcs, 83510 Lorgues]

Se prendre pour Zelda Fitzgerald à l’Hôtel Belles Rives 🍸


A tous les adorateurs de Fitzgerald, des années 20, d’Art Deco et de Gatsby, il y a une adresse à ne surtout pas louper : l’Hôtel Belles Rives à Juan Les Pins. C’est là-bas (en partie), qu’a séjourné le célèbre écrivain F.S Fitzgerald avec sa femme Zelda, et on y découvre même une plaque dans l’établissement lui rendant hommage (voir ci-dessous). L’époque était propice aux rêveries évanescentes sur la côte d’Azur, et bon nombre de riches Américains y posaient leurs bagages l’été. La French Riviera a été le théâtre de soirées romanesques avec les Hemingway notamment, et il se dit que Fitzgerald aurait trouvé l’inspiration pour le Great Gatsby là-bas. Nul besoin de casser votre tirelire pour espérer croiser le fantôme de Scott en réservant une nuit : un piano-bar du nom de Fizgerald vous permettra de vous plonger dans cette atmosphère si particulière le temps d’un cocktail.


[Hôtel Belles Rives – 33 Boulevard Edouard Baudoin, 06160 Juan-les-Pins]


Pour se cultiver à l’heure d’été ⚜
Cette catégorie va sonner un peu fourre-tout, et pour cause : vous y trouverez aussi bien des balades que des lieux culturels ! Je privilégie ces derniers et je ne m’attarderai pas sur les endroits naturels car bien trop souvent malmenés par les touristes, surtout à cette période de l’année.

Un tour de voiture dans les roches rouges

Si vous avez vu le film Magic in the Moonlight avec Emma Stone, vous vous souvenez probablement de la scène dans laquelle elle se trouve en voiture avec Colin Firth dans un décor de dolce vita et qu’un énorme orage éclate. Et bien c’est justement dans les roches rouges de Saint-Raphaël ! Ces reliefs aux couleurs terracotta  jalonnent la côte et la mer et on se croirait presque aux Etats-Unis ! Pour avoir fait cette route sinueuse à plusieurs reprises, je vous la conseille au coucher du soleil, c’est magique !

Une parenthèse enchantée au Château de la Napoule 🏰

Si vous me suivez sur Instagram, vous avez forcément dû voir mon post sur ce lieu magique. Je ne l’ai découvert que récemment, alors qu’il s’agit d’un pur joyau ! A mi-chemin entre la villa et une ruine, le vieux fort militaire qu’est le Château de la Napoule a subi les ravages des guerres et des révolutions, avant d’être racheté en 1917 par un couple de milliardaires Américains, artistes à leurs heures perdues. A l’entrée de la demeure (peuplée d’oeuvres d’art du mari Henry Clews), on trouve les mots “Once Upon A Time”, comme un manifeste des souvenirs fantasques dont cet endroit a été le décor. Le jardin, labellisé Jardins Remarquables, est une pure création de l’épouse, Mary, et une ode aux rêveries ! J’ai passé un moment enchanteur dans ce lieu et vous le conseille vivement.


[Château de la Napoule – 453 Avenue Henry Clews, 06210 Mandelieu-la-Napoule]

S’enivrer à Grasse 💐
Avis aux fans de mignonnettes (nom que l’on donne aux miniatures de parfum) et aux fragrances : Grasse est la ville de toutes les odeurs ! La vieille ville, en plus d’être charmante, héberge l‘Usine historique de la parfumerie Fragonard (commerciale, certes, mais toutefois très intéressante et agréable pour connaître les recettes d’un bon parfum) ainsi que le Musée international du Parfum créé en 1989. Plus historique, il est aussi extrêmement documenté et possède de nombreux flacons d’époque, un vertige pour la collectionneuse de cosmétiques anciens que je suis !
[Musée International de la Parfumerie – 2 Boulevard du Jeu de Ballon, 06130 Grasse // Usine historique Fragonard – 20 Boulevard Fragonard, 06130 Grasse]

Jouer les botanistes au Domaine du Rayol 🌿
Un de mes endroits favoris ! Ce domaine privé, appelé aussi Jardin des Méditerranées, est un espace naturel protégé sur plus de 20 hectares à la végétation luxuriante. Tous les types de flores y sont représentés (de la Méditerranée à des climats plus arides voire subtropicaux), ce qui invite vraiment au voyage, on peut même s’imaginer quelques instants aventurier en pénétrant dans l’ambiance tropicale qui y a été recréée ou explorateur botaniste, tant les jardins sont denses et étonnants. En grande amoureuse des serres (telles que celles d’Auteuil à Paris), j’ai retrouvé ce même sentiment magique au Domaine du Rayol, avec plus de liberté, sans les plafonds de verre. Mon conseil est d’y aller tôt le matin et de déjeuner dans leur tout petit restaurant qui propose des plats de saison, locaux, bio et végé friendly.
[Domaine du Rayol – Avenue des Belges, 83820 Rayol-Canadel-sur-Mer]

J’espère que ce premier voyage virtuel sur la Côte d’Azur vous aura plu et peut-être même donné l’envie d’y aller ! Si vous avez déjà testé une de ces adresses, que vous voulez m’en suggérer de nouvelles ou simplement si vous en avez ajouté une à votre carnet, dites-le moi dans les commentaires (c’est toujours agréable à lire et cela m’encourage à poster plus souvent) 💌

👉 Dans le prochain post, je vous éditerai la 2e partie du guide en vous parlant brocantes, shopping vintage et de seconde main, et beauté éthique ! 

Frissons #1 : Le Dahlia Noir

Ah… Los Angeles, son cinéma Hollywoodien, ses paillettes, ses décors en carton-pâte et… ses étoiles du 7e art ! Et c’est précisément du vieil Hollywood et de ses starlettes dont je vais vous parler aujourd’hui, mais d’une manière un peu plus sinistre que ce à quoi vous pourriez vous attendre. (La Californie et plus précisément Los Angeles, regorgent d’histoires sordides dont je suis absolument friande, surtout si celles-ci mélangent faste d’autrefois et horreurs en tout genre.)

Si beaucoup des stars déchues, telles Marilyn Monroe ou encore Jayne Mansfield, ont trouvé la mort directement (ou tout du moins en partie) à cause de leur succès, il en est une qui a trouvé le succès dans la mort. Funeste destin, non ? Mais nous sommes à Los Angeles, et là-bas, tous les fantasmes, même les plus macabres, y sont permis.

L’HISTOIRE DU DAHLIA NOIR

La jeune femme dont je veux vous parler aujourd’hui se prénomme Elizabeth Short, et elle a été assassinée en janvier 1947 alors qu’elle n’avait que 22 ans. On la connaît plus communément sous le nom énigmatique de Dahlia Noir, pseudonyme qui lui a été donné par les habitués d’un bar de Los Angeles dans lequel elle aimait traîner, en raison de sa beauté et de ses tenues, toujours noires, ainsi que de sa chevelure habillée d’un dahlia. Un an auparavant sortait également le film Le Dahlia Bleu, et il est fort probable que l’oeuvre ait certainement dû les inspirer d’une manière ou d’une autre.

Cette femme d’une grande beauté s’était installée à Los Angeles avec l’espoir d’y trouver la gloire, en espérant, comme beaucoup des jeunes femmes de son âge, percer dans le cinéma et devenir une icône du tout Hollywood. Malheureusement pour elle, le succès est arrivé, mais seulement après sa mort, lorsqu’elle fut retrouvée mutilée dans un terrain vague d’un quartier de Los Angeles, qui n’était à l’époque pas habité (la ville est encore en construction à ce moment-là).

Loin d’être un crime ordinaire, le Dahlia Noir présente tous les éléments nécessaires à la pression médiatique : une jeune femme jolie et sauvagement assassinée : elle a été démembrée – son corps coupé en deux – vidé de son sang, lavé, et pire encore : sa bouche est entaillée d’une oreille à l’autre, l’affublant d’un ersatz de sourire démentiel, semblable à celui du Joker dans Batman.

Tous les ingrédients sont là pour hisser cet assassinat sordide en thriller morbide populaire qui, plus de 70 ans après, continue de fasciner. Et pour cause : son assassin n’a jamais été vraiment identifié. Pire : les élucubrations souvent délirantes pullulent encore aujourd’hui à son sujet, et de nombreux ouvrages n’ont cessé de voir le jour, ici et ailleurs, pour tenter de démasquer le tueur. Qu’il s’agissent de Janice Knowlton et son “Daddy Was the Black Dahlia Killer“, publié en 1995 ou Steve Hodel et son “Black Dahlia Avenger“, sorti en 2003, la conclusion reste la même : tous deux affirment, (en “oubliant” certains éléments discréditant qui viendraient contrer leur verdict) que leur père est bel et bien l’assassin du Dahlia Noir.

Mais ils sont loin d’être les seuls à divaguer en élucubrations, et de nombreux quidams un tant soit peu illuminés se sont, au fil des années, eux aussi réclamés d’être l’assassin du Dahlia Noir. Toujours est-il que ni la police, ni les services d’enquête ou même les journalistes n’ont pu percer ce secret, laissant planer le mystère du Dahlia Noir des dizaines d’années après.

Pour aborder le sujet, je vais vous parler de l’affaire sous différents prismes : un podcast, un roman, un film et une enquête.

LE PODCAST : L’affaire du Dahlia Noir dans “L’heure du Crime”

Si cette longue introduction vous a intrigué.e.s, alors je ne peux que vous conseiller de prendre 40min de votre temps pour écouter le podcast de Jacques Pradel sur le sujet. Il m’est difficile de vous raconter les détails de cette histoire ici, d’une part car certains d’entre eux sont particulièrement violents et horrifiants, mais il y a surtout beaucoup trop à dire. Ce podcast est une vraie mine d’or, tant sur l’histoire d’Elizabeth Short que sur les interviews des intervenants de l’émission : deux principales théories se font face, celle de Steve Hodel (dont je vous parlais un peu plus haut), un ancien flic américain qui accuse son père, un chirurgien haut placé, d’être le tueur du Dahlia Noir. De l’autre, c’est l’écrivain et expert criminologue Stéphane Bourgoin qui prend la parole pour défendre une autre hypothèse, celle d’un serial killer connu pour d’autres faits, tout aussi sordides.

En lisant la suite de l’article, vous constaterez que j’ai déjà ma petite opinion sur le sujet, et que c’est à mon sens cette deuxième théorie qui me semble la plus probable. Mais avant d’en discuter, je vous invite vivement à écouter le podcast pour vous familiariser avec le sujet.

LE ROMAN : Le Dahlia noir de James Ellroy

Il y a environ un an, je m’étais déjà plongée dans l’histoire du Dahlia en me consacrant à la lecture du livre de James Ellroy. Un roman noir, extrêmement haletant, lourd en rebondissements et absolument addictif. L’histoire reprend la trame principale de l’assassinat du Dahlia Noir, toutefois, l’énigme trouve finalement un assassin, ce qui, comme vous l’aurez compris, n’est pas le cas de la vie réelle. Il s’agit donc d’une fiction, qui reste néanmoins fidèle à certains détails, et dans laquelle j’ai adoré me plonger, à savoir dans un Los Angeles abyssal, sombre et angoissant. Une lecture que vous devriez ajouter à votre liste, même si elle ne reste que de la fantaisie, un produit dérivé supplémentaire à ajouter au cold case du Black Dahlia.

LE FILM : Le Dahlia Noir de Brian de Palma

C’est précisément par ce biais que j’ai été confrontée, il me semble, pour la première fois à l’histoire du Dahlia Noir. Un film noir, à l’ambiance oppressante et pourtant terriblement esthétique, signé du Maître en la matière, Brian de Palma. Je ne vais pas m’étendre en détails sur ce film car je suppose que beaucoup d’entre vous ont certainement dû déjà le voir, mais cela reste, et cela me regarde, un très bon film, malgré les critiques plutôt mitigées.

Une fois de plus, ne comptez pas sur cette oeuvre pour résoudre le mystère, elle est une adaptation pure et simple du roman dont je vous ai parlé juste au-dessus, par James Ellroy. Toutefois, je ne boude pas mon plaisir lorsque l’on me sert un Josh Hartnett affublé d’un style 40’s et que j’ai le plaisir de profiter d’un Los Angeles aussi beau que hanté par des âmes torturées.

L’ENQUÊTE : “Qui a tué le Dahlia Noir ? L’énigme enfin résolue” – Stéphane Bourgoin

Nous y voilà. C’est certainement l’un des livres les plus éprouvants mais les plus fascinants qu’il m’ait été donné de lire. Près de 500 pages d’enquête, aussi effroyables qu’addictives. J’ai réservé cette lecture à mes trajets en transport en commun, mais croyez-moi, il m’était difficile de ne pas rouvrir ce livre une fois arrivée chez moi. (Mais comme je ne tiens pas à cauchemarder de tueurs en série, j’ai préféré le laisser dans mon sac !)

Stéphane Bourgoin, si vous ne le connaissiez pas déjà, est un auteur spécialiste en criminologie, et plus particulièrement sur le sujet des tueurs en série (thème Ô combien fascinant, s’il en est). Il est aussi un enquêteur hors pair, et c’est bien ce qui ressort de cette lecture. L’écrivain a en effet une quête obsessionnelle, celle de trouver le tueur du Dahlia Noir. Fasciné depuis très longtemps, il avait déjà, il y a bien des années, rédigé un premier livre sur ce sujet. Toutefois, cette dernière enquête extrêmement (et la plus) aboutie, est le travail de vingt très longues années et le fruit de nombreuses investigations, qui mène finalement l’auteur a révélé – selon lui – l’identité du tueur.

Il passe au peigne fin toutes les théories, des plus abracadabrantes aux plus plausibles, livre les détails les plus incroyables sur l’enquête, souvent même déconcertants (notamment sur le suivi de police des plus hasardeux), et truffe le livre de photos qui illustrent son récit. Je dois toutefois vous mettre en garde : toutes sont en noir et blanc (donc visuellement moins agressives) mais certaines sont difficilement soutenables pour les âmes sensibles. (Autant vous dire que je n’osais pas regarder les gens qui avaient le malheur de profiter de ces images lors de mes lectures en métro…)

Je ne saurai vous en dire plus, car je ne compte ni vous spoiler ni vous résumer 500 pages en quelques lignes, mais à force de recoupements, de persévérance et de raisonnement logique, je dois dire que la théorie de Stéphane Bourgoin m’a convaincue. Toutefois, même si les faits sont souvent difficiles et le contenu bouleversant, l’auteur écrit avec une légèreté et une fluidité fascinante, ce qui rend la lecture, du moins sur sa forme, très facile, intelligible et rapide, en dépit de tous les détails qui y sont passés au crible.

Décortiquer autant de faits et d’éléments minutieux, les rapprocher et les étudier face à d’autres meurtres de tueurs en série a dû être un travail de titan (et je comprends mieux qu’il ait fallu tout ce temps pour retracer un crime vieux de 70 ans). Je me suis également posée de nombreuses questions sur les raisons de tout ce battage médiatique autour du Dahlia, tant d’années après. Sur ma propre fascination, même, sur ce crime sordide, et sur ce qu’elle dit sur notre société. Mais c’est un élément de plus qui restera énigmatique. Le Dahlia Noir restera pour toujours auréolé d’un voile de mystère, une réflexion que James Ellroy a su parfaitement mettre en mots. Ils seront la conclusion de cet article.

« Le Dahlia noir est un fantôme, une page blanche qui exprime nos peurs et nos désirs. Une Mona Lisa de l’après-guerre, une icône de Los Angeles. »

Dans ma bibliothèque#6 : Roaring 20’s et babydolls sous amphetamines

« Reading gives us somewhere to go when we have to stay where we are. » (Lire nous donne quelque part où aller quand nous avons à rester là où nous sommes)

Pour ce tout nouveau volet dans ma bibliothèque, je vous emmène dans ma machine à remonter le temps, tout d’abord dans le Paris qui swingue des 20’s puis de l’autre côté de l’atlantique, durant les années 50, dans le terrible monde du showbusiness ! En voiture, Simone !

Claude Izner – Le Pas Du Renard (Editions 10-18)


Voilà 1 an que cette couverture revenait sans cesse dans mes suggestions d’achats de bouquins (car même si je privilégie ma très belle et grande librairie indépendante, il m’arrive de céder, dans la précipitation, aux sirènes d’Amazon…). Puis un jour, au hasard de mes déambulations en boutique, je tombe à nouveau sur cette couverture. Je cherche justement de quoi combler ma soif de lecture, alors il m’en faut peu pour me décider !

Je l’embarque et le lis très rapidement, tant j’ai été happée par ce décor si fidèle au Paris des années 20 qui danse le fox-trot et s’encanaille dans les cabarets pour oublier la misère de la fin de la guerre. On y suit les aventures d’un jeune pianiste talentueux, Jeremy Nelson, tout droit débarqué des Etats-Unis et qui rejoint la pas si joyeuse troupe du Mi-Ka-Do, un music-hall de Belleville.

Malheureusement pour le protagoniste (mais heureusement pour nous joyeux lecteurs avides d’histoires romanesques), les choses vont vite se gâter pour l’Américain qui, au gré de ses rencontres et de sa vie Parisienne, va assister malgré lui à de mystérieuses disparitions, et le propulser dans un rouage infernal mettant sa propre vie en danger !

Ainsi donc, en plus d’être un roman historique, Le Pas du Renard est surtout une enquête parfois dure à démêler, car les protagonistes sont nombreux et il vaut mieux ne pas se laisser déconcentrer pendant sa lecture, au risque d’être totalement perdu comme je l’ai été parfois dans l’énigme ! C’en est donc parfois un peu déroutant, et on est bien content, je l’admets, d’arriver aux dernières pages pour comprendre véritablement le sens de toute cette mascarade.

Néanmoins c’est un roman que j’ai adoré lire, ne serait-ce que pour le talent d’écriture indiscutable des auteurs, deux soeurs qui utilisent le pseudonyme de Claude Izner pour signer leurs ouvrages. Si comme moi vous êtes très attaché.e.s aux vieilles expressions désuètes de Français, alors ce livre va vous régaler. J’ai ainsi pu ajouter de nombreuses expressions à mon vocabulaire (comme “charrier dans les bégonias“), ce qui fait souvent rire mon entourage et que ma mamie aurait certainement adoré. En somme, même la rédaction du livre reste fidèle à l’époque et cela relève à mon sens d’un sacré tournemain ! Bref, il me tarde de lire la suite, “La femme au serpent“.

A lire si… vous aimez bien sûr les Roaring Twenties, et surtout Paris, que vous êtes un fan de Cluedo ou d’Agatha Christie, et surtout que vous n’êtes pas effrayé.e.s par les tournures de phrases vieillotes et parfois un peu alambiquées (synonyme de charme pour ma part).


Jacqueline Susan – La Vallée des Poupées

Des années que je lorgnais sur ce titre sans pour autant jamais me le procurer. Il faut dire que La Vallée des Poupées a fait parler d’elle, ne serait-ce que par son adaptation cinématographie avec la superbe et regrettée Sharon Tate. Et chose suffisamment amusante pour que je le précise, ma délicieuse amie Yasmine me l’a justement offert en cadeau d’anniversaire, alors même que je venais de le lire ! Autant dire que cette jeune demoiselle me connait fort bien !

Je trouve d’ailleurs cette anecdote extrêmement touchante car même si La Vallée des Poupées parle avant tout du monde scintillant du show business (mais qui s’oxyde aussi vite qu’il vous engloutit), il parle aussi d’amitié entre trois femmes. Et autant vous le dire tout de go : si le roman commence au firmament de la vie de ces trois sublimes protagonistes, douées, belles comme le jour ou intelligentes (et parfois tout cela à la fois), les choses vont vite se gâter à mesure que leur réussite sociale les élève.

Critique glaçante du miroir aux alouettes qu’est le succès dans le monde du spectacle, du divertissement et de la publicité, c’est aussi une époque qui est dépeinte, celle des années 50, et la condition des femmes qui y est évoquée. Car oui, les femmes, ou les “poupées” que l’on observe avec fascination sur la couverture sont au centre du roman, mais elles se partagent la vedette avec d’autres sortes de poupées : une ribambelle de pilules, de la plus anodine à la plus dévastatrice, et elles précipiteront la chute de nos trois nymphes à succès.

En somme, j’ai adoré et dévoré ce bouquin, et en suis devenue accro le temps de ma lecture (à croire que les poupées ont fait aussi leur effet par l’écriture). Pour autant, j’en suis ressortie exténuée, fatiguée et profondément blessée (au point de laisser couler quelques larmes), tant le destin de ces trois femmes est dur à avaler – comme finissent par l’être leurs pilules. Mais je ne veux en rien vous gâcher l’histoire, tout ce que je peux vous dire c’est que ce livre est iconique, qu’il a été jugé subversif lors de sa sortie en 1966, et je peux dire que je comprends pourquoi !

A lire si… Honnêtement, vous n’avez aucune bonne raison de vous dispenser de ce livre ! D’autant que sa lecture est facilement transposable à notre époque, à cette course intenable et infernale à la célébrité sur les réseaux sociaux et à la (trop grande, à mon goût) divulgation des drogues et psychotropes. Je connais bien trop de personnes qui ont cédé aux tentations des paradis artificiels (et je ne les juge pas, mais quel gâchis malgré tout !), et que vous en fassiez partie ou pas, cette lecture provoquera sûrement quelque chose en vous !

 

Dans ma bibliothèque… #5 : Esprit, es-tu là ?

« Reading gives us somewhere to go when we have to stay where we are. » (Lire nous donne quelque part où aller quand nous avons à rester là où nous sommes)

Pour ce 5e volet dans ma bibliothèque, je vous emmène dans un univers un peu plus macabre que ce que vous avez l’habitude de voir sur ce blog, et pourtant il fait entièrement partie de moi ! Je sais bien qu’Halloween est encore loin (trop loin même), mais y-a-t-il vraiment un moment spécial pour parler fantômes et revenants ? Soyez pourtant rassuré.e.s : vous n’avez pas besoin vraiment d’y croire pour apprécier la sélection qui suit ! Par contre, je ne peux pas vous garantir que vous n’aurez pas quelques frayeurs nocturnes à la lueur de la bougie ce soir en lisant la suite !

Patricia Darré – Il y a quelqu’un dans la maison (Editions Michel Lafon)
J’ai découvert Patricia Darré via le podcast “Hondelatte Raconte” présenté par Christophe Hondelatte. Le journaliste a en effet dédié l’un de ses épisodes aux histoires surprenantes de cette medium, révélée sur le tard, puisqu’elle est initialement animatrice radio et journaliste. Je vous invite vraiment à écouter cette émission car son parcours est véritablement étonnant et a même su semer le trouble parmi les sceptiques que je connais… Sans trop vous spoiler, elle a été réveillée non pas un beau matin, mais une “belle nuit” par ce qu’elle appelle désormais sa “hiérarchie”, par le biais d’une écriture automatique (vous vous mettez à écrire sous l’impulsion d’une force autre que votre propre personne), pour l’informer qu’elle devait exploiter à partir de ce jour ses capacités extra-sensorielles.

Il ne m’aura donc pas fallu longtemps pour me décider à plonger dans son dernier ouvrage dans lequel elle revient sur plusieurs “affaires” (emprise, objet possédé, maison supposée hantée…) dont elle a été témoin et pour lesquelles elle a participé à leur résolution. Chaque histoire correspond à un chapitre ce qui rend la lecture fluide et agréable, la plume de Patricia n’y étant pas étrangère non plus, vous vous en apercevrez. Elle ponctue ses “anecdotes” (qui n’ont rien d’anecdotique, je vous le garantie) d’informations sur l’intuition, l’au-delà et d’autres considérations médiumniques.

Mon expérience personnelle sur le long terme (dont je ne souhaite pas parler ici dans le détail) m’a confortée à plusieurs reprises sur l’existence d’un au-delà, et pourtant, même avec cette croyance inébranlable, les expériences de Patricia laissent sans voix. Soyons bien clairs : je ne doute pas de sa parole (car cela m’agace quand on peut douter de la mienne sur le sujet), mais on touche vraiment à de l’incroyable. D’ailleurs, je salue Patricia, si elle venait à lire ce post, pour son courage car je ne sais pas comment je réagirais en de pareilles situations !

Pour autant, je pense que ce livre pourra parfaitement distraire des curieux ou des sceptiques, car ces petites histoires sont divertissantes et m’ont fait dresser les poils à plus d’une reprise ! Finalement, peu importe que vous y croyiez ou pas (ce livre n’a aucunement, je crois, la vocation de vous convaincre), la plume de Patricia saura vous emmener dans un monde de l’invisible pour éveiller tout du moins votre curiosité.

A lire si… vous êtes amateurs de creepypasta ou d’histoires fantomatiques, vous appréciez les histoires de revenant un peu mélancoliques, les films de poltergeist ou plus sérieusement si vous pensez qu’il se passe quelque chose “de l’autre côté” ou en êtes simplement curieux.


Erick Fearson – Le manuel du Chasseur de Fantôme 

Alors, si je peux émettre une (et la seule) critique sur ce livre, c’est son titre. Car je ne trouve pas qu’il le définisse tant que ça, bien que cet ouvrage donne toutes les clés pour aller capturer de l’ectoplasme, si vous tentiez de chasser l’ennui un dimanche dans une maison abandonnée !

Plus sérieusement, j’ai vraiment A-DO-Ré ce bouquin tant tout ce qui est évoqué l’est fait avec bon sens, rationalité (oui oui !) et pragmatisme. Erick Fearson, son auteur, est un médium et mentaliste et livre ici tout son savoir (ou ce qu’il accepte de nous livrer) sur un sujet qui fascine autant qu’il effraie. J’ai eu l’envie de lire ce livre car j’avais parcouru de nombreuses critiques très positives à son sujet, et surtout je cherchais des explications, des bribes de compréhension sur des expériences sur le long terme mais parfois plus épisodiques que j’ai vécues chez moi ou à l’extérieur, plus ou moins récemment, comme je l’expliquais plus haut, et qui me font penser qu’un monde invisible nous entoure.

Tout cet univers peut paraître bien saugrenu à certain.e.s (voire très effrayant) et je l’entends complètement, mais croyez-moi : vivre certaines expériences sans pour autant les avoir provoquées peut être parfois déroutant (et ce d’autant plus si on met en doute votre parole) ! Aujourd’hui, je n’ai absolument plus “peur” (ou presque) des fantômes, des esprits ou des âmes, appelez cela comme vous voulez, et ce livre m’y a beaucoup aidée !

Erick Fearson passe en revue de nombreux sujets, à savoir les différents types de hantises qui peuvent être rencontrées (je n’imaginais pas qu’il y en avait autant), comment celles-ci se manifestent, de quelle manière les appréhender, mais aussi comment les détecter en chasse de fantôme (c’est dans ce chapitre que vous enfilez votre attirail de Ghostbuster). Personnellement, je ne m’y suis pas amusée, mais avec le recul j’aurai beaucoup aimé lire ce bouquin à l’époque de la maison de mon enfance ^^

Who you gonna call?

D’autres thématiques sont également évoquées, notamment sur l’histoire du spiritisme, mais aussi sur les différents lieux hantés de France… Et les pages se dévorent à une vitesse fulgurante ! En somme, j’ai vraiment apprécié cette lecture et je l’ai d’autant plus savourée que son auteur prend beaucoup de pincettes sur certains événements supposés provenir de l’au-delà alors qu’il s’agit, la plupart du temps, d’un simple phénomène naturel, d’un rongeur, d’un charlatan ou juste d’un mirage de l’esprit, conditionné par un environnement propice à ce type de phénomène. (Vous pouvez être sûr.e.s que vous verrez apparaître une ombre fantomatique, fruit de votre imagination, si l’on vous plonge au coeur d’un château supposé hanté en pleine nuit !)

En somme, j’ai beaucoup aimé la rationalisation et les appuis scientifiques qui sont apportés tout au long de la lecture, sans pour autant perdre de vue que certaines choses restent du domaine de l’inconnu et ne peuvent être expliquées. Enfin, en tout cas, vous trouverez quelques clés pour mieux les comprendre !

A lire si… vous vous rêvez ghosbuster, que vous avez vécu une ou plusieurs expériences paranormales, ou simplement que cet univers vous passionne !

Pour clôturer ce post : non, je ne vous inviterai pas à un meet-up ouija ni pour faire tourner le guéridon du Phantom Manor à Disneyland Paris (quoique…), pas plus que je ne cherche à vous convaincre sur l’existence de ce monde invisible ! Pour autant, ces deux lectures m’ont semblé extrêmement riches d’enseignements et ne sont pas destinées qu’à des personnes ayant vécu une expérience avec l’au-delà. J’en parle simplement car je les ai appréciées et à titre personnel, j’estime que ce n’est pas parce que nous ne voyons pas certaines choses que celles-ci n’existent pas, et que ce monde, s’il est bien réel, a bien plus à nous offrir et nous enseigner que de le dépeindre vulgairement et de manière caricaturale comme une âme avec un drap blanc sur le visage. 

J’espère que cette incursion dans un recoin sombre de ma bibliothèque vous aura plu ! Et n’oubliez pas de regarder si rien ne se cache sous votre lit cette nuit !