Loretta Banana

Month: October 2020

Les pires inventions beauté du siècle dernier : 9 tendances bizarres et effrayantes !

Pour ce nouvel article que j’estampille dans ma collection #Halloween 2020, on va descendre d’un cran niveau creepy (parce qu’apparemment mon post sur la friperie la plus hantée de Paris vous a fait pas mal réagir, ainsi que celui sur les objets vintage possédés). Néanmoins, il n’est pas impossible que vous soyez un tout petit peu mal à l’aise avec la suite.

L’un de mes pires cauchemars de ce 21e siècle fut de découvrir les horreurs qui composent parfois nos produits de beauté actuels. Paraffine, perturbateurs endocriniens, j’en passe et (pas) des meilleurs, me font souvent bondir de mon sofa vintage. Mais croyez-moi, ce n’est RIEN en comparaison avec certaines inventions loufoques voire carrément flippantes et toxiques que les femmes ont eu le malheur d’utiliser au siècle dernier. Tout ce qui suit est vrai et on ne peut plus vrai et confirmerait presque cet adage horrible et des plus désuets “il faut souffrir pour être belle” (ou pas. Plutôt pas, d’ailleurs).

Pour ce sujet, je vous propose 2 articles distincts afin de faciliter votre lecture : j’ai posté le premier volet récemment dont le sujet était dédié à la marque de cosmétiques française à base de radium Tho Radia (vous pouvez le lire en cliquant ici). Ce second volet sera quant à lui consacré à 9 invention farfelues et définitivement creepy autour de la beauté au 20e siècle.

1/ Le salon spa d’Helena Rubinstein

Photo de 1930 dans le salon spa d’Helena Rubinstein d’une jeune femme profitant d’un bain moussant à base d’air comprimé et de lait

J’ai eu l’occasion de lire la biographie de cette pionnière du maquillage (j’en parlais d’ailleurs sur Instagram juste ici) et je suis absolument fascinée par sa détermination et l’empire qu’elle a su bâtir en partant de rien. Toutefois, je dois bien admettre que certaines images d’époque (circa 1930-40) de son salon de beauté du 715 Fifth Avenue peuvent provoquer l’effroi. Je vous laisse juger par vous-même :


Cette photo des années 40 montre des traitements sous forme de masque “contour” pour le visage qui, selon la technique de Rubinstein, permettait de souligner et de rajeunir les traits du visage.

2/ Le masque “Hangover Heaven” de Max Factor

L’iconique marque américaine Max Factor a mis au point, dans les années 30/40, un masque composé de cubes en plastique. Ces derniers devaient être remplis avec de l’eau puis congelés pour qu’enfin le masque puisse être porté pour faire dégonfler le visage et le rafraîchir. Il aurait été inventé pour soulager les starlettes du Old Hollywood entre les prises de vue dans les studios surchauffés… mais semble-t-il qu’il serait aussi particulièrement efficace pour calmer leur gueule de bois (hangover en anglais, d’où le nom du masque) de ces vedettes du ciné après leurs apéros trop arrosés. Ainsi, elles préservaient leur maquillage et leur esprit au frais !

3/ “The new haidryer”

Enchaînons notre salon de beauté des horreurs avec ce sèche-cheveux de 1946 : sa forme façon toile d’araignée semblait particulièrement commode mais aussi effrayante pour sécher individuellement chaque pin-curl.

4/ La cryothérapie des tâches de rousseur

Alors qu’aujourd’hui les tâches de rousseur sont à la mode, la tendance allant même jusqu’à s’en faire tatouer, on ne peut pas en dire de même durant les années 30.
En effet, les femmes avaient la possibilité de “geler” leurs tâches de rousseur (procédure assez similaire à celle utilisée pour les verrues) avec du dioxyde de carbone, puis le médecin utilisait ensuite une petite lame pour en quelque sorte “décoller” la pigmentation des tâches du visage. En une semaine ou deux, la peau cicatrisait sans tâches de rousseur. Ce traitement barbare et douloureux était semble-t-il assez populaire dans les années 30. Pour ce faire, les yeux des patientes étaient recouverts de bouchons hermétiques, leurs narines étaient protégées et elles devaient respirer par un tube. Oui, un vrai film d’horreur.

5/ Le masque chauffant

Après la cryothérapie, le masque chauffant ! Cette invention de 1940 environ est si peu engageant visuellement que je suis étonnée que le concept n’ait pas été repris dans un film d’horreur de slasher. Quoiqu’il en soit, ce “masque à gaz” de la beauté était en réalité un outil qui pouvait se brancher de manière à activer la circulation du sang en chauffant le visage. En plus complément de l’effet “rose” apporté à la peau par la chaleur, cette invention promettait d’éliminer les rides et les poches sous les yeux… Comble de l’ironie, d’après mes recherches, les femmes se mettaient des protections sur les ongles pour éviter que leur manucure ne se détériore au contact de cette innovation… brûlante ! Il est d’ailleurs assez étonnant de se dire qu’elles préféraient protéger leur vernis plutôt que leur peau…

En tout cas, je crois que la promesse de cet appareil s’avérait surtout en réalité d’effrayer toute la famille en portant ce genre d’horreur sur le visage ! À noter également : les masques chauffants sont encore eux aussi à la mode aujourd’hui, mais leur design est tout de même un peu moins angoissant.

6/ Le “Beauty Calibrator” ou “Beauty micrometer”


Je ne sais pas vous, mais c’est de loin l’engin qui m’a le plus effrayée de toutes ces inventions ! On dirait tout bonnement un instrument de torture.
Il s’agit là d’une autre invention de Max Factor datant de 1932. Elle est toutefois plus impressionnante qu’il n’y parait : l’appareil une fois placé sur la tête peut être ajusté aux traits exacts de la personne qui le porte et il existe pas moins de 325 réglages différents ! Le but ? Obtenir des mesures aussi précises que possible du visage et ainsi détecter tous les potentiels défauts (ahem…)  en vue de pouvoir les corriger à l’aide d’un maquillage adapté. Son usage initial était destiné à l’industrie du cinéma pour pouvoir identifier les “défauts” des actrices et ainsi qu’ils apparaissent le moins visible possible sur grand écran. On rêve du Old Hollywood, mais la vie des starlettes de l’époque ne devait pas être des plus évidentes, en réalité ! En tout état de cause, la société Max Factor indique que cet outil leur a été utile pour mieux comprendre le visage féminin…

7/ Le Lipstick Stencil

Celui-ci est mon préféré car très sincèrement, je le trouve adorable et bien pratique. Il n’a rien d’effrayant mais je voulais tout de même le compiler ici car c’est à mon sens une étrangeté qui a parfaitement sa place dans ce classement.
Le lipstick stencil est daté de 1938 environ et permet d’appliquer son rouge à lèvres à partir d’un “pochoir” en forme de bouche. Vous le savez, la façon de mettre son rouge à lèvres, en accentuant l’arc de cupidon ou pas est très caractéristique des époques. Ici, on voit bien la tendance du port du rouge à lèvres puisque clairement il s’agissait d’un produit très populaire dans les années 30 et encore davantage pendant la seconde guerre mondiale (le fait de porter du rouge à lèvres d’un rouge vif était perçu presque comme un effort de guerre !).
Aujourd’hui, nous avons bien des eyeliners à coller alors pourquoi ne remettrait-on pas ce type de pochoir pour un rouge parfaitement appliqué au goût du jour ? En tout cas, je vote pour !

8/ Le cape de protection solaire

Il ne s’agit là ni d’un déguisement d’Halloween ni même de superhéros. Cette cape à pois façon drap de fantôme s’avère en fait être une invention promettant de garder à l’abri les femmes des rayons du soleil. Le but ultime étant de freiner l’apparition des tâches de rousseur et/ou de les empêcher… Décidément, ces pauvres tâches de rousseur n’étaient pas à la fête dans les années 30/40 !

Ceci étant dit, on peut au moins reconnaître à ces femmes un très bon geste beauté (bien qu’extrême ici) : celui de se protéger du soleil, les protections en lait et crème n’étant pas encore répandues sur le marché à cette époque.

À noter également que les modèles de cape se déclinaient en version fantaisie, comme ici avec le motif à pois, et que l’on pouvait compléter la tenue (comme si elle n’était pas suffisamment effrayante…) avec des lunettes contre les rayons UV. Cette invention était apparemment très populaire en Floride, le “sunny state“.

9/ Le “Dimple Maker”

Le Dimple Maker, que l’on pourrait traduire par “l’outil à fossettes” est une curiosité que l’on doit visiblement à Isabella Gilbert of Rochester qui l’a créée en 1936. On conseillait alors aux femmes de le porter 2 à 3 fois par jour à raison de 5 à 10 minutes à chaque fois, au cours de leurs activités quotidiennes (écriture, lecture, repos…).

Elles devaient s’observer dans le miroir et sourire afin de placer toujours l’appareil au même endroit, là où les fossettes commençaient à se dessiner.

Ma foi, il s’agit à mon sens d’un lourd tribu pour de simples fossettes car cet appareil a tout sauf l’air d’être confortable ! Vous vous imaginez descendre vos poubelles avec deux boules en métal vous fissurant le visage ?

Dans tous les cas, ce que l’on peut observer au fil de cette modeste revue d’outils de beauté s’apparentant plutôt à des instruments de torture, c’est que les femmes avaient semble-t-il beaucoup de courage (et d’inconscience) pour répondre aux standards de beauté de l’époque, quitte parfois à mettre leur santé en danger. Néanmoins, nous ne pouvons leur jeter la pierre : ces diktats envahissants font malheureusement partie de la société et nous en payons encore les pots cassés aujourd’hui. Et il suffit de se pencher sur notre rapport au maquillage pour s’en apercevoir (une femme pas maquillée sera souvent perçue comme négligée, celle qui en met trop sera stigmatisée d’une autre manière, bref, rien ne semble jamais satisfaire les standards de beauté de nos époques).

Je pense qu’au contraire, ces différents exemples devraient nous aider à nous émanciper encore davantage et à adopter la “beauté” qui nous ressemble (y compris celle sans artifices), tant qu’elle nous donne confiance et correspond à nos modes de vie. C’est d’ailleurs particulièrement le cas avec l’épidémie de coronavirus qui sévit en ce moment et dont l’une des moindres répercussions touche à notre rapport au maquillage. Beaucoup de femmes ont laissé tombé leurs habitudes de cosmétiques en raison du télétravail et du masque et honnêtement, je le conçois tout à fait. De mon côté, ma passion du maquillage n’en a pas été altérée, si ce n’est le rouge à lèvres que je garde seulement si je sais qu’il ne sera pas bousillé par le port du masque (c’est à dire assez peu souvent). Toutefois, je maquille deux fois plus mes yeux pour conserver la force que mon rouge à lèvres me donne habituellement et j’ai tiré parti du masque en l’imaginant comme un nouvel outil de mystère à associer à ma routine de beauté pour mieux mettre encore en valeur mon regard.

Enfin, quand on me demande pourquoi je continue de me maquiller, même en travaillant de chez moi, la réponse reste indubitablement la même : je me maquille pour moi, pas pour les autres, car ma routine beauté est un moment de plaisir et de méditation et aussi car mon maquillage est aussi la signature de mon style et de ma personnalité. Un allié invisible qui m’aide à accomplir mes tâches de la journée.

Et vous, que pensez-vous de ces instruments de beauté anciens ? Quel est votre rapport à la beauté et au maquillage ?

Les pires inventions beauté du siècle dernier : Tho Radia, la marque de cosmétiques à base de radium

Pour ce nouvel article que j’estampille dans ma collection #Halloween 2020, on va descendre d’un cran niveau creepy (parce qu’apparemment mon post sur la friperie la plus hantée de Paris vous a fait pas mal réagir, ainsi que celui sur les objets vintage possédés). Néanmoins, il n’est pas impossible que vous soyez un tout petit peu mal à l’aise avec la suite.

L’un de mes pires cauchemars de ce 21e siècle fut de découvrir les horreurs qui composent parfois nos produits de beauté actuels. Paraffine, perturbateurs endocriniens, j’en passe et (pas) des meilleurs, me font souvent bondir de mon sofa vintage. Mais croyez-moi, ce n’est RIEN en comparaison avec certaines inventions loufoques voire carrément flippantes et toxiques que les femmes ont eu le malheur d’utiliser au siècle dernier. Tout ce qui suit est vrai et on ne peut plus vrai et confirmerait presque cet adage horrible et des plus désuets “il faut souffrir pour être belle” (ou pas. Plutôt pas, d’ailleurs).

Pour ce sujet, je vous propose 2 articles distincts afin de faciliter votre lecture : voici le premier volet dédié à la beauté radioactive.

Tho Radia : Beauté radioactive

Le radium au service de la beauté par la santé de la peau” !

Je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est de toute évidence l’une des “tendances” de beauté qui m’a le plus fascinée en faisant mes recherches sur les usages des femmes en cosmétiques depuis 1900 et aussi parce que j’ai lu et fait énormément de recherches sur les ouvrières empoisonnées au radium, les Radium Girls (qui fera certainement le sujet d’un article à part entière).

(Et oui peut-être ne le saviez-vous pas, mais j’ai la fâcheuse manie de collectionner les cosmétiques anciens et je suis une FANATIQUE de l’histoire de la beauté depuis l’ère victorienne jusqu’à nos jours. Elle en dit parfois souvent plus que les vêtements pour appréhender la place de la femme au fil des décennies – mais ce n’est que mon avis personnel.)

Et donc j’ai décidé de vous parler d’une marque française, qui a vu le jour en 1932 : Tho Radia. Son créneau ? Séduire les pharmaciens et s’implanter en officine pour proposer à la clientèle féminine divers produits de beauté composés de… et bien de radium et de thorium (entre autres choses). Cela nous parait inconcevable aujourd’hui, pourtant, comme je le disais plus haut, nos cosmétiques actuels ne font pas vraiment mieux. Mais ainsi vous demandez-vous comment de tels produits ont pu être mis sur le marché ?

Cela tient principalement au vide juridique propre à l’époque concernant l’encadrement des produits de soins et de cosmétiques, à une manipulation très habile du fondateur pour faire passer des vessies pour des lanternes (et c’est le cas de le dire avec la phosphorescence du radium) à ses clients et puis aussi à une révolution scientifique qui a déchaîné les passions (le radium).

En effet, grâce à la découverte du radium en 1896 par Henri Becquerel, c’est le monde entier qui s’en trouve bouleversé, et notamment celui de la chimie. S’en suivent les expérimentations diverses réalisées par Pierre et Marie Curie que nous connaissons tous. Puis, un peu plus tard, en 1901, Henri Becquerel dispose un peu de radium dans un tube qu’il place ensuite dans la poche intérieure de sa veste avant de partir pour une conférence. Seulement, quelques heures plus tard, il constate que sa peau comporte des lésions. Il en tire la conclusion que le radium a bel et bien des effets sur l’organisme.

Rapidement, médecins et biologistes ont l’idée d’utiliser le radium, alors très coûteux à l’époque, dans leurs expériences. Même si les savants comprennent très rapidement qu’il s’agit là d’un composant extrêmement toxique, l’idée se répand que si son utilisation est faite à petite dose, elle s’avère excitante et même particulièrement efficace pour traiter la peau et trouver la jeunesse éternelle, raffermir les tissus, guérir les blessures, et mon derrière sur la commode en rotin.

Inutile de vous dire que de nombreux entrepreneurs et créateurs vont s’engouffrer dans la brèche, érigeant le radium comme solution miracle à tous les maux. De 1910 à 1930, la frénésie du radium atteint son apogée et il est considéré par le tout venant comme un produit incroyable, bienfaisant, rare car coûteux, en bref une véritable potion magique. Dès 1920, divers médicaments à base de radium commencent à être développés et commercialisés, mais l’invention est si populaire qu’elle se décline même sur des objets du quotidien : rasoir, vêtement et évidemment horloge, dont les fameux cadrans peints à la main par les tristement célèbres Radium Girls (et vu que je vous parle à nouveau d’elles, je me dis que je vais décidément leur consacrer un article. En attendant, ej vous invite à consulter mes quelques stories épinglées sur ce sujet sur mon compte Instagram juste ici).

Le destin funeste des Radium Girls, intoxiquées par la peinture radioactive qu’on leur fournissait pour rendre lumineux les cadrans d’horloges qu’elles devaient peindre à la main.

La cosmétologie ne tarde pas non plus à s’approprier cette trouvaille et promet monts et merveilles aux clientes, à grands renforts de publicités où les femmes ont le teint lumineux et semblent irradiées par une lumière mystique, (dont cette publicité iconique de la marque Tho Radia qui perdura jusque dans les années 50). C’est dans ce contexte que se développent des marques telles que Ramey et Radium Elys et que sont vendues des crèmes au doux nom de Radior ou d’Activa. La marque Tho Radia utilise un tout autre stratagème en induisant les consommateurs en erreur, ce que beaucoup de marques ont désormais l’habitude de faire même encore aujourd’hui ! Mais revenons-en aux fondements de cette marque purement made in France.

Tho Radia est fondée fin 1932 par un pharmacien parisien, Alexis Moussalli et son concept est clair : surfer sur la vague du radium en utilisant l’argument scientifique, ce que les autres marques de cosmétiques n’ont pas eu l’idée de faire. Il promet ainsi par ses gammes de soins un embellissement de la peau par l’aspect curatif que provoque soit disant le radium. Il va donc tout naturellement avoir la présence d’esprit de séduire en premier lieu les pharmaciens pour que sa marque soit distribuée uniquement en officine et ainsi apporter une garantie pharmaceutique à ses clientes (spoiler alert/instant rageuse : de nombreuses marques actuelles dont les compositions sont pauvres voire dégueulasses utilisent aussi la caution “pharmacie” pour distribuer leurs produits et prendre accessoirement les consommateurs pour les derniers des idiots en abusant de leur crédulité. Mais je ne tiens pas à me faire des ennemis donc je ne citerai personne).

Cette coupure de presse a été trouvée par mes soins dans le ELLE daté du 14 mai 1946. Je voulais la partager avec vous pour bel et bien vous prouver que cette marque était véritablement présente dans les magazines féminins.

Et parce que ce bon Alexis n’était visiblement pas à une roublardise prêt, il a eu l’audacieuse idée de faire appel à un certain docteur Alfred Curie, qui ne partage absolument rien en commun avec Pierre et Marie Curie si ce n’est le même nom. Un nom qui, aux oreilles des potentiels clients, apporte une crédibilité supplémentaire et qui sera un atout déterminant pour la suite de son business (et même moi qui faisais mes recherches sur Tho Radia, je me suis fait bêtement avoir au départ, pensant que ce dernier avaient un lien de parenté avec les génies du radium). Alors que décide-t-il de faire, ce bon Alexis ? Et bien tout simplement ce que n’importe quel business man sans vergogne ferait : apposer le nom d’Alfred Curie sur ses pots de crème. Publicité mensongère, vous dites ?

En tout cas, la législation n’en a cure (c’est le cas de le dire) puisqu’elle n’existe tout bonnement pas à cette époque. Ainsi, le Alfred Curie prête, dans le plus grand des calmes, son nom, dans le but de promouvoir la crème Tho-Radia, soit-disant conçue “selon la formule du Dr Alfred Curie”. L’objectif étant bien sûr d’abuser de la crédulité des pharmaciens et clients en leur laissant penser que cette marque est approuvée par les Curie. Néanmoins ce mensonge portera ses fruits puisque la marque aura une très belle notoriété à l’époque et enrichira son offre de nombreux autres produits : crème solaire, rouge à lèvres, poudre pour le visage…

Toutefois, en 1937, la législation sur la vente de produits contenant du radium change ENFIN : les marques sont désormais contraintes d’utiliser une signalétique précise (une pastille rouge affublée du texte “poison”) pour signaler que leurs articles contiennent des ingrédients radioactifs. De plus, ces produits ne peuvent plus être vendus désormais que sur prescription médicale. Tho Radia sent le vent tourner et adopte une nouvelle stratégie : faire disparaître toute trace de radium et le nom d’Alfred Curie pour se concentrer désormais sur son succès.

Je ne vais pas vous faire tout l’historique de la marque par la suite bien que celui-ci fut particulièrement mouvementé notamment pendant la seconde guerre mondiale mais en tout cas Tho Radia a été commercialisée jusqu’à la fin des années 1960 et a évidemment marqué l’univers des cosmétiques. À noter aussi : ces crèmes, bien que vantées comme étant au radium, en étaient finalement très peu dotées, principalement parce que celui-ci coûtait extrêmement cher à l’époque (et pas parce que c’était dangereux, hein). Les femmes ne s’exposaient donc pas à un risque démesuré en s’appliquant ces produits. Si vous voulez en savoir plus sur la marque Tho Radia et son incroyable ascension pendant les années folles, je vous invite à écouter cette émission de France Culture : “Tho radia, aventures et mésaventures d’une crème miracle”.

J’espère que cet article vous aura plu ! À la semaine prochaine pour l’édition n°2 des pires inventions de beauté du siècle dernier !

Mon shopping dans la friperie la plus creepy de Paris 🔪

[Disclaimer] 
Rien de ce que je vais vous écrire ici dans cet article n’est paranormal. En tout cas d’un point de vue purement factuel. Mon récit n’est basé que sur mon expérience personnelle et mon ressenti, mais celui-ci fut si fort que je trouvais intéressant de partager mon histoire avec vous. Il est fort probable que, si d’aventure, vous vous retrouviez dans cette boutique, rien d’anormal ne vous arriverait (en tout cas je vous le souhaite, pauvres mortels, ha ha ha). Et pour ce qui est du nom de l’enseigne je ne la citerai pas, ni dans l’article, ni dans les commentaires (mais si vous me soudoyez en DM sur Instagram, peut-être que je concèderai à vous donner son nom). Il ne manquerait plus que l’on m’attaque pour diffamation !

Ceci étant dit, nous allons pouvoir commencer.
Dans mon précédent article, je m’étais déjà évertuée à associer deux sujets pour lesquels j’ai une passion sans limite : le paranormal ainsi que le vintage. J’y évoquais donc le cas des objets hantés et les possibles malédictions et autres esprits facétieux cachés dans nos trouvailles de brocante. J’y avais rapidement fait un écho sur les lieux qui abritent des énergies. Et peut-être que, comme moi, vous avez déjà éprouvé un sentiment plus ou moins intense de malaise en pénétrant dans un espace. Cette impression désagréable est heureusement généralement occasionnelle et a tendance à vite s’évanouir, en tout cas en ce qui me concerne. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas le cas.

Comme toujours, je vous invite à vous munir de votre eau bénite, et c’est parti mon kiwi !
Mon amour du vintage me pousse à courir les boutiques d’antiquités et autres friperies qui croisent mon chemin, partout où je vais. Je suis une irréductible de la brocante, une casse-cou de la friperie et je fais très peu de cas d’une devanture poussiéreuse ou d’une sélection qui, de prime abord, ne m’inspire pas. Je laisse toujours sa chance à l’endroit, car si comme moi vous aimez les vieux objets et aimez débusquer des trésors, il faut multiplier les visites et mettre de côté ses a priori (mais si vous avez lu mes bons conseils pour chiner vintage, vous le saviez déjà). C’est donc ce que j’ai l’habitude de mettre en pratique. Et parfois, les commerçants ont le don de savoir mettre en scène avec délicatesse leurs trouvailles, et parfois moins.

Ainsi, que cela soit ici, à Paris, ou au fin fond d’une boutique-cave mal éclairée comme dans l’un de mes repaires fétiches dans le Berry (il faut littéralement se munir de la lumière de son téléphone pour regarder correctement les objets) ou même dans les “antiques” de Louisiane aux Etats-Unis qui parfois vous surprennent avec des pantins flippants au détour d’une allée (je vous jure que c’est vrai, Toy Story 4 ne ment pas), je peux dire qu’il en faut beaucoup pour m’effrayer ou me mettre tout à fait mal à l’aise.

Même si j’ai en horreur les poupées et en particulier de porcelaine, comme je le disais dans mon article sur les objets hantés, je ne rebrousserai pas chemin parce que j’en croise une au gré de mes flâneries. Cette longue introduction vise surtout à vous expliquer que, clairement, ce qui s’est passé lors de ma visite dans cette friperie parisienne, relevait d’autre chose que d’un endroit simplement mal éclairé.

J’ai bien sûr mes adresses fétiches, celles que j’affectionne, pour m’offrir de jolies pièces vintage. Mais j’aime découvrir de nouveaux lieux. Et par un hasard des plus étranges, la friperie dont il est question est située dans une rue parisienne que j’arpente quasi quotidiennement sans jamais l’avoir vue, ni même aperçue, en tout cas avant d’y pénétrer ce fameux après-midi pluvieux d’automne. Il ne s’agit pas d’une grande rue et les commerces n’y sont pas non plus envahissants. Et pour une personne aussi passionnée par les vêtements anciens et qui débusque une brocante à plusieurs kilomètres à la ronde, j’ai bien du mal à me dire que cette boutique ne m’ait jamais interpelée.

Pourtant, il y a tout pour la remarquer : sa vitrine déborde de vêtements, entassés les uns sur les autres, mélangeant les styles sans égard. La boutique semble, de l’extérieur, littéralement vomir de tissus. Des cintres sont accrochés à même la porte d’entrée, dévoilant ainsi quelques pièces de grande marque. Une robe Chanel côtoie un sac en cuir délabré. Un escarpin des années 80 semble chercher sa paire. Parfois même, d’angoissants mannequins sont placés à l’extérieur sur le trottoir, comme pour signifier que d’autres attendent impatiemment notre venue à l’intérieur pour aspirer nos pauvres âmes infortunées. Mais encore faut-il que la boutique soit ouverte. Car, comme pour nourrir le mystère, cette échoppe n’ouvre qu’au bon vouloir de son gérant. Un papier est griffonné à l’extérieur, indiquant des horaires d’ouverture des plus étranges… Ainsi, l’espace est totalement fermé le samedi, ce qui est des plus étonnants pour une boutique de ce type et localisé dans le quartier en question. Mais soit…

Ce que je sais, en tout cas, c’est que mon esprit ne voulait tout simplement pas voir ce lieu. Jusqu’à ce fameux jour.

Moi en arrivant devant la boutique en question :

Un dimanche, après une grande balade avec mon ami, nous empruntons cette fameuse rue dont je ne peux vous révéler le nom. C’est là qu’il me suggère une visite dans cette friperie au sein de laquelle il s’était déjà rendu, une fois ou deux, mais qu’il n’avait pas apprécié plus que cela. Il me fait part de ses doutes quant au fait que je puisse apprécier l’endroit, mais après tout, il en faut plus pour me décourager.

J’hésite un instant, inspecte la vitrine qui ne m’inspire guère, mais comme je vous l’ai dit plus haut, je mets de côté mon a priori et mon intuition plutôt négative pour donner sa chance à l’endroit. Nous pénétrons dans ce qui me semblait être une boutique minuscule et qui s’avère en fait bien plus dense que je ne l’imaginais. Je ne remarque pas immédiatement qu’un escalier mène vers un étage en-dessous. Mon ami s’y faufile tandis que je parcours calmement les portants du rez-de-chaussée. Le monsieur à la caisse n’est pas particulièrement aimable, mais il ne me semble pas hostile pour autant.

Mais très vite, quelque chose me chafouine, et cela n’a RIEN de paranormal. Je dirai même que c’est souvent une constante dans certaines friperies parisiennes. Je constate que les vêtements, entassés les uns sur les autres, sont très sales et en très mauvais état. Ils sont criblés de trous, de tâches et vendus à des prix exorbitants. Alors certes, ils ont parfois de belles étiquettes de luxe, mais cela ne justifie en rien les sommes réclamées. Je profite de cette interlude pour clairement fustiger ces vendeurs qui proposent des haillons à des prix incroyables sous prétexte que c’est vintage ! Le vintage peut subir les dommages du temps, cela fait partie du charme et je suis totalement en phase avec ça, mais veillez à ne pas trop prendre les clients pour les idiots du village. Ça, croyez-moi, ça a le don de m’agacer fortement.

Ainsi, bien que consternée par ce que je vois, je continue ma chasse aux trésors du plus calmement que je peux, mais je commence évidemment à réaliser que ce n’est pas dans cette friperie grotesque que je trouverai le moindre trésor. Manque de bol, je suis repartie les mains vides, mais avec un esprit farceur ou je ne sais quelle diablerie, collée aux basques…

À mon tour donc d’emprunter l’escalier étroit menant à l’étage d’en-dessous. C’est précisément à cet instant d’ailleurs que je réalise son existence. Me voici au premier sous-sol de cette friperie qui, décidément, me surprend de plus en plus, et pas de la manière la plus positive qui soit. Devant moi, s’étend un nouvel espace de chine, et je ne ressens rien, en tout cas : rien d’excitant. Aucune once d’excitation ni d’adrénaline. Pourtant, ceux qui me connaissent le savent : je ne refuse JAMAIS ni un verre de Sancerre, ni une session shopping vintage. Mais là, je ne sais pas si c’est le fait d’être descendue, et donc d’être dans un espace sans lumière extérieure, ou si c’est le fait de ne pas voir mon ami, ou peut-être autre chose, mais je commence à ressentir une impression qui me met très mal à l’aise. Il y a pourtant une autre personne en train de regarder les portants calmement, mais rien n’y fait : je sens mon angoisse monter de manière parfaitement incontrôlable.

Étant d’un naturel anxieux, j’ai l’habitude de gérer mes angoisses, alors je me ressaisis et tente de me concentrer sur les cintres qui meublent l’étage et sur ce qu’ils pourraient m’offrir d’intéressant. J’ai l’habitude aussi des impressions étranges associées à des lieux, cela m’arrive peu souvent, mais mon 6e sens sait toujours se rappeler à moi quand c’est nécessaire. Alors j’essaie de me contrôler, de ne plus y penser, et de focaliser mon attention sur les jeans vintage qui sont exposés. Ce petit jeu dure quelques minutes, jusqu’à ce que mon appréhension se fasse plus pressante, plus oppressante aussi.

Mon regard quadrille l’espace quand je commence à réellement me sentir submergée par l’émotion. Je sens littéralement mon coeur s’accélérer et battre à une cadence qui commence à m’effrayer. Mais certainement pas autant que cet endroit. Quelque chose de négatif est en train de se passer mais j’ignore ce que c’est. Mes mains sont moites, je me sens prisonnière et j’étouffe tellement dans ce lieu que je m’empresse de desserrer mon manteau pour respirer.

Une négativité extrême m’envahit et je sais que cette émotion n’a rien à voir avec moi.

Je me sens épiée, regardée, observée. Une négativité extrême m’envahit et je sais que cette émotion n’a rien à voir avec moi. Pourtant, elle est là et me contrôle, tant et si bien que je perds tout sens logique. Je n’ai qu’une envie : me précipiter dans les escaliers et courir hors de cette boutique, mais je ne peux pas. Je dois retrouver mon ami.

Mon coeur veut se projeter en dehors de ces murs, mais ma raison sait que je dois désormais descendre un étage plus bas. Car c’est là que je comprends qu’un autre escalier semble mener vers le second sous-sol, peut-être la porte vers les tréfonds de l’enfer ?

Allez, on décompresse un gros coup : je n’ai pas croisé de diablotin me piquant les fesses avec délectation munie de sa fourche à l’étage inférieur. J’ai retrouvé, avec un soupçon de soulagement, mais sans grande surprise, mon ami, qui était en train de passer en revue ce 3e étage de fripes, dans le plus grand des calmes. Immédiatement rassurée, j’accours vers lui pour lui manifester mon malaise et mon sentiment d’oppression. L’avoir retrouvé m’a soulagée, certes légèrement, c’est vrai, mais pour autant, mon état d’anxiété ne s’est pas évaporé, j’aurais même tendance à dire qu’il s’est exacerbé en descendant davantage. Quelque chose clochait définitivement là-bas à cet instant, et cela n’avait rien à voir avec une angoisse due au fait que je sois momentanément seule dans ce lieu (surtout que j’ai l’habitude de cela). À toutes fins utiles, je tiens à préciser que je ne suis pas claustrophobe pour un sou.

C’est ainsi que nous sommes rapidement remontés au rez-de-chaussée, avons pris nos clics et nos clacs et sommes partis. Le monsieur de la caisse n’avait pas bougé d’un iota et était toujours recroquevillé sur sa chaise, à dieu sait quoi faire. C’est à peine s’il a remarqué notre présence et notre sortie en trombe. Étrangement, la fuite de la boutique m’a à peine soulagée. Il m’a fallu, et c’est important de le mentionner, pas loin d’une heure pour retrouver mon état normal. Et c’est bien la première fois qu’un sentiment de malaise aussi intense s’empare de moi. Pourtant croyez-moi, je reviens de loin : je l’ai déjà dit ici, mais j’ai vécu toute mon enfance dans une maison dont je suis persuadée qu’elle était (et est toujours je présume) hantée et j’ai vécu quelques expériences paranormales extrêmement dérangeantes au cours de ma vie dont certaines qui, véritablement, sont bien pires sur le papier que ce fragment d’expérience désagréable dans un sous-sol de boutique. Pour autant, je n’ai JAMAIS ressenti un sentiment aussi intense que celui qui m’a habitée dans ce lieu, ce jour-là.

Je ne peux pas l’expliquer de manière concrète et scientifique ni même de manière paranormale. Tout ce que je sais, c’est que j’ai vécu un moment fort désagréable et marquant, et que pour toutes les broches vintage du monde, je ne remettrai jamais les pieds dans cet établissement. Chose drôle : j’ai presque un sentiment positif en passant devant désormais. Comme si j’étais simplement heureuse d’en être sortie vivante ou de ne pas avoir été transformée en crapaud pour le reste de ma vie.

En tout cas, à l’heure où je vous écris, la boutique reste désespérément fermée depuis un bon moment, ce qui est possiblement un triste effet de la crise du coronavirus.

Alors, maintenant, je sollicite votre avis : est-ce que ce lieu est chargé en énergies négatives ? Des choses regrettables s’y sont-elles déroulées ? Est-ce qu’un esprit farceur ou malveillant veut garder pour lui égoïstement tous les vêtements vintage de la boutique (il serait bien peu exigeant, mais soit) ? Ou est-ce simplement un concours de circonstance et mon esprit qui s’est emballé pour construire un scénario d’angoisses ? 

Je laisse planer le doute, même si je reste convaincue que ce lieu a été chargé en énergie négative, un jour ou l’autre, et qu’il aurait bien besoin d’un bon coup de sauge XXL et d’une décontamination par les soeurs Halliwell.

N’hésitez pas aussi à m’écrire en DM si vous avez vécu une expérience similaire, je serai ravie de partager l’expérience en stories. Boo! 👻

Les objets vintage et d’occasion peuvent-ils être hantés ?

[Soyez rassuré.e.s : vous n’allez pas avoir besoin de faire rappliquer un medium pour exorciser votre robe préférée à l’issue de cet article !]
Peut-être vous êtes vous déjà demandé (à juste titre),en arborant une robe d’époque ou en vous offrant un objet sur une brocante, si celui-ci avait une histoire ? C’est précisément ce qui fait le charme du vintage, et nous plonge parfois dans des rêveries fantasques, où l’on s’imagine un fragment d’époque, un moment suspendu, autour d’une simple boîte ancienne ou d’un sac. Mais avez-vous déjà imaginé qu’un tel objet puisse être habité par une présence démoniaque ou une entité malfaisante ? OK, accusez-moi de clickbait si vous voulez, mais si je vous pose la question, c’est que cette idée, bien que saugrenue, m’a déjà effleurée l’esprit (et je suis certaine que vous aussi) ! On parle en effet à à tire-larigot des manoirs et lieux hantés, comme s’il n’existait que cela, mais alors dès qu’il s’agit d’objets, c’est silence radio, c’était tout juste bon pour meubler les émissions paranormales des années 2000 de Laurence Boccolini. 

Pourtant, au même titre que les demeures, les objets peuvent aussi, semble-t-il, se gorger d’énergies. Qu’il s’agisse de poupées démoniaques (et nous allons y revenir), de bijoux hantés, voire d’objets des plus classiques affublés des pires anecdotes sanglantes, le nombre d’histoires mettant en scène des éléments inertes, pourtant prétendument animés de pouvoirs malveillants ne cesse de proliférer depuis la nuit des temps.

Bon j’imagine qu’à ce stade, soit vous avez cliqué sur la petite croix en haut à droite (comme on disait aux haters à l’époque des Skyblog) en vous disant que j’ai décidément une araignée au plafond, soit vous êtes resté.e.s, en vous demandant ce que j’allais bien pouvoir vous raconter comme bizarreries aujourd’hui. Si vous êtes encore ici : merci. Vous êtes décidément aussi bizarres que moi et c’est bien, je préfère qu’on reste en petit comité. L’idée de cet article était avant tout de pouvoir regrouper deux sujets que j’affectionne énormément et qui possèdent des éléments connexes : le vintage et le paranormal. Et bon, vu que je suis une passionnée d’Halloween, j’avais totalement envie de mixer les deux sujets d’une façon ou d’une autre. Mais bref, revenons à nos moutons.

Le vintage et les antiquités, de par leur vécu, possèdent forcément une histoire. Beaucoup de personnes semblent d’ailleurs assez réfractaires à l’idée de porter de l’ancien, car se vêtir avec les toilettes de personnes décédées a, je le concède, un petit côté suffisamment creepy pour effrayer les plus fragiles (personnellement, je trouve cela fascinant, mais c’est une autre histoire). C’est souvent pour cette même raison que l’on ressent un fort attachement à certaines affaires ayant appartenu à une grand-mère ou à quelqu’un de cher à notre coeur. Mais l’âme d’une personne pourrait-elle rester accrochée à un objet matériel ? Ou pire : une entité malveillante pourrait-elle s’infiltrer sous les talons de nos escarpins vintage préférés et nous faire vaciller, au propre comme au figuré, dans un monde de ténèbres ? Votre robe ancienne pourrait-elle se mettre à danser dans votre salon à la lueur de la pleine lune ? (OK, je me suis peut-être un peu emballée, on n’est pas dans Phantom Manor.)

N’attendez pas de cet article qu’il réponde à la question : je n’ai pas la réponse. En revanche, ce que j’ai en rayon de mon musée des objets mystérieux, ce sont des souvenirs d’enfance, ponctués de poupées démoniaques, des recherches sur le sujet (avec suggestion de podcasts et autres vidéos YouTube à l’appui) et ma modeste expérience en la matière. Prenez votre eau bénite, et c’est parti mon chimichurri !

1/ Les poupées : damnation de mes cauchemars d’enfant

Je l’admets sans fards : les poupées sont mes pires cauchemars. Leur teint laiteux et leurs tenues délicates avaient tout pour me plaire, sauf qu’elles ont, à la place, littéralement rempli mes angoisses d’enfance, à tel point que je les enfermais à double tour dans le grenier, le soir venu. Franchement, elles avaient l’air trop aimables et trop sages pour être claires. Et puis leurs yeux vitreux, qui vous fixent et semblent vous suivre d’un coin à l’autre de la pièce ? Mais quelle sorcellerie que ces horreurs sournoises en tenues de parfaites petites filles modèles (ou “nightmare dressed like a daydream” disait une célèbre poète du 21e siècle, aka Taylor Swift).

Je vous rassure : aucune de ces chipies ne semble jamais avoir osé ciller devant moi, et je crois que mes projections se nourissaient surtout du folklore de l’époque : Chucky la poupée de sang, en tête des sponsors. Cette fameuse “Poupée de sang”, comme les cinéastes l’ont appelée, est largement inspirée d’une histoire bien plus réelle, celle de la poupée matelot Robert Eugène Otto. Cette dernière serait responsable de divers tours pendables ayant eu lieu au début du 20e siècle, tant et si bien qu’il fallut l’enfermer dans une vitrine d’un musée en Floride pour enfin avoir la paix. Si l’envie vous prenait de lui rendre visite : assurez-vous de lui demander la permission avant de la prendre en photo, sans quoi elle pourrait vous jeter bien des malédictions !

Dans un registre similaire mais éminemment plus connu : la fameuse poupée Annabelle, rendue célèbre par les films éponymes. Ce cas a été porté à l’attention du public par une histoire, là aussi bien réelle, de deux jeunes femmes qui auraient ramené chez elle une poupée Raggedy Ann possédée par l’esprit frappeur d’une fillette de 7 ans, visiblement très capricieuse. Ce cas aurait été résolu grâce à l’iconique couple de démonologues Ed et Lorraine Warren. Ces deux spécialistes du paranormal ont mené un certain nombre d’enquêtes en jonglant entre le monde des vivants et des morts dans les années 70 particulièrement.

Et bien que le storytelling derrière le fait divers soit fascinant, j’émets quelques doutes quant à la véracité de ce qu’ils avancent. Bon, là encore, je ne vous refais pas le tableau : on attribue les pires vices à une poupée qui, pour le coup, est loin d’être aussi effrayante visuellement parlant que ce que l’on montre d’elle dans la fiction. Mais là encore, à chacun.e de se faire sa propre opinion. 

Dernière anecdote côté poupée creepy pour la route : la “isla de las muñecas” aka : l’île où les poupées en décomposition sont à la fête ! (Perso, je préfère mille fois la Isla Bonita mais c’est pas le sujet.) Cet endroit a été habité par un jeune homme dans les années 50, persuadé qu’il était poursuivi par le fantôme d’une fillette décédée (encore une). Il aurait ainsi suspendu des dizaines et des dizaines de poupées afin de satisfaire les caprices de l’entité.
Attention : si comme moi vous êtes victime de pédiophobie (peur des poupées), je vous déconseille fortement de consulter les vidéos et images de cet endroit maudit !

“Lâche-moi la grappe, Michel ! Je t’ai déjà dit d’arrêter de te cacher dans mon poudrier !”

Toutefois, les poupées sont loin d’être les seuls bourreaux dans le panorama des objets animés nous voulant du mal. Parmi les plus célèbres, on peut citer la voiture maléfique de James Dean (dont Charles et Mathias du podcast du Bureau des Mystères parlent dans l’épisode hors-série des vacances #2) ou encore, La Boite à Dibbouk, que je vais évoquer juste après.

2/ La boite à Dibbouk (ou l’esprit frappeur d’un ivrogne en sortie de bar)
J’ai découvert cette dernière histoire au détour d’un autre podcast génial lui aussi, Nuit Blanche de la RTS (et dont je vous parlais aussi ici) et au sein duquel cet objet maléfique est raconté par le menu. Dans la mythologie Juive, un Dibbouk est associé à un démon, ou à une entité malveillante d’une personne décédée. Ici, on pourra constater que l’esprit malin, aussi maléfique soit-il, avait visiblement un sérieux penchant pour la boisson, puisqu’il a décidé d’aller se loger dans un coffret à vin (en même temps, quitte à y rester un bail, autant avoir de quoi se rafraîchir le gosier, cette cachette astucieuse est donc validée par la Direction).

Je ne vais pas vous faire tout l’historique de cette histoire prétendument vraie (car je vous laisse le loisir d’écouter ce fascinant podcast sans vous spoiler), tout ce que je peux vous dire, c’est que les ennuis ont commencé pour le protagoniste, Kevin Mannis, en 2001, lorsqu’il a enchéri sur cet objet afin de pouvoir le vendre dans sa boutique d’antiquités. Et croyez-moi, aussi beau soit l’objet, je n’en aurais même pas voulu si on me l’avait offert. (Allez écouter le podcast, hein, ça vaut franchement le détour.)

3/ Les bijoux, pierres et cristaux : des cachettes de démon parfaites ?
Malheureusement, après le Dibbouk alcoolique, c’est aux démons gold digger ou michtoneurs que l’on va avoir à faire. Je pense en effet aux croyances relatives aux bijoux. En écrivant cet article, je me suis amusée à faire une petite recherche google, et j’ai été très étonnée du nombre de messages sur des forums divers de personnes se plaignant d’événements négatifs lorsqu’elles portaient certains bijoux. Et bien sûr, c’était toujours la faute dudit bijou et pas un simple hasard malheureux. 🙄
Toutefois, j’ai peut-être ma petite idée sur le sujet. 

Si vous êtes persuadé.e.s du pouvoir des pierres et cristaux, alors vous savez forcément que ceux-ci doivent être nettoyés régulièrement pour les débarrasser des énergies négatives et des émotions néfastes. Il semblerait donc logique qu’il en soit de même pour les bijoux anciens ornés de pierres précieuses ou semi-précieuses ou de cristaux, en règle générale. A plus forte raison si ce bijou a suivi son ou sa propriétaire (et les étapes marquantes) tout au long de sa vie. Je connais d’ailleurs bon nombre de personnes qui ne souhaitent pas acheter de bijoux anciens pour ces raisons. Alors peut-être qu’une simple petite purification de vos vieux bijoux suffiraient donc à les rendre un peu moins grognons ?

En tout cas, un trésor qui mériterait un bon coup de purification, c’est le suivant !
Le plus illustre cas de hantise – ou en tout cas de malédiction – associé à un bijou est celui du diamant Hope, aussi appelé « Diamant de l’espoir » ou « Diamant du roi ». Là encore, le but n’est pas de vous établir tous les faits associés à ce trésor de malchance (cet article le fera très bien si vous voulez en savoir davantage), mais on lui reproche surtout d’avoir joué un rôle dans la fin tragique de tous ses différents propriétaires. Alors, se pourrait-il qu’un morceau de pierre puisse sceller un destin humain ? 

Plus globalement, ne serait-ce pas nos légendes et nos croyances qui permettent à ces objets pourtant inanimés, d’exister ?

4/ Superstition ou hasard malheureux ?
Plus globalement, ne serait-ce pas nos légendes et nos croyances qui permettent à ces objets pourtant inanimés, d’exister ? Vivent-ils simplement par le prisme de nos superstitions ? Est-ce qu’au lieu d’une potentielle malédiction, on ne pourrait pas imaginer le cas d’un concours de circonstances malheureux, comme ce fut le cas pour la Porsche 550 Spyder de James Dean ? 
Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas de réponse toute faite à ces questions. Et heureusement (et je croise les doigts), je n’ai jamais eu – enfin je crois – affaire à un quelconque poltergeist logé dans un objet ancien ou dans un soutien-gorge 50’s (quoique si je devais finir en ectoplasme, vous auriez de grandes chances de me retrouver accrochée à une robe de bal des années 20).

En revanche, je crois fortement aux énergies et au pouvoir de celles-ci. Le fait que l’on puisse se sentir mal dans un lieu, ou le percevoir comme fortement chargé en énergies (positives comme négatives, et ce sera le sujet de mon prochain article de cette série Halloween) peut, selon moi, s’appliquer aussi aux objets comme les bijoux et leurs pierres, en particulier. Et cela n’a pas forcément de lien avec le paranormal, mais simplement avec le fait que ces énergies sont stockées à un moment donné sur quelque chose ou quelque part. De l’autre côté, croyance injustifiée ou pas, il m’est arrivé de constater, peut-être toujours par ce fameux hasard de circonstances, que j’avais parfois des journées plus négatives qu’à l’accoutumée précisément quand je portais un bijou spécifique. Mais de là à en tirer une conclusion hâtive, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas ! 

“Bon, OK Michel. Une dernière partie, mais promets-moi de retourner dans ton coffre à vins, ensuite !”

À ce sujet, je possède un camé que j’ai hérité de ma grand-mère, dont l’historique serait particulièrement trouble (je n’ose même pas vous révéler son histoire ici) et pourtant, je n’ai jamais remarqué quoi que ce soit d’ésotérique ou de diabolique lorsqu’il m’accompagnait. Alors que franchement, vu l’histoire, il pourrait limite réveiller les 10 plaies d’Egypte. (C’est le moment où vous criez pour avoir l’histoire, mais désolée, j’ai pas franchement envie qu’on me jette un crucifix au visage à chaque fois que je porte ce bijou.)

5/ Ghost Detox
Cependant rassurez-vous : si comme moi, vous achetez souvent en brocante, en vide-grenier ou même sur Le Bon Coin, votre chez vous n’a aucune raison d’être dominé par des forces obscures, car qui dit multiples esprits dit annulation des énergies ! (OK, c’est un peu léger, mais c’est une théorie avancée que j’ai déjà entendue à plusieurs reprises et c’est aussi ce que je me dis pour me rassurer !). Et puis en vérité, les esprits farceurs, ça me connaît. J’ai clairement plus peur des punaises de lit en achetant un objet ancien, que le potentiel fantôme qu’il contient.

Bien sûr, exception faite du cas suivant : si vous ressentez une quelconque répulsion/dégoût/angoisse en prenant un objet ancien dans vos mains, aussi magnifique soit-il, c’est qu’il faut, a priori (et ça n’engage que moi) DE SUITE le reposer.

À noter également que du côté Team qui y croit dur comme fer, j’ai pu constater dans mes recherches que l’on conseillait systématiquement de purifier les objets anciens. Il y a des tas de techniques, notamment par la sauge, mais je ne suis pas une experte et je ne l’ai jamais fait, donc difficile de vous conseiller. En plus, c’est pas forcément super pratique car il faudrait le faire AVANT de faire rentrer l’objet chez soi. Vu le débit de babioles anciennes que je ramène, non seulement j’y passerai les ¾ de mon temps, mais en plus on aurait vite fait de me prendre pour le chamane de la ville et j’ai clairement pas signé pour ça.

Enfin, si vraiment vous vous sentez d’humeur Indiana Jones et le temple du péril, sachez que sur Ebay comme sur le Dark web, il vous est possible d’acheter des tas et des tas d’objets soit disant hantés, voire maléfiques. Le YouTubeur Le Grand JD a d’ailleurs, comme d’autres de ses comparses, dédié plusieurs vidéos à des objets qu’il a spécifiquement achetés sur Internet pour leurs “qualités” démoniaques. D’après plusieurs articles que j’ai pu lire, certains vendeurs en profitent d’ailleurs pour refourguer des invendus en les affublant des pires anecdotes creepy pour précipiter leur vente… En vérité, je pense que ces objets sont aussi hantés que mon dernier pot de vernis. C’est aussi clairement un moyen de vendre plus cher un objet, si tant est que l’on soit susceptible de croire à ce type de hantises. Mais de l’autre côté, certains vendeurs se cachent également bien de vous mentionner que leur babiole contient un “vice” caché (et c’est bien le cas de le dire), comme ce fut le cas pour la boite à Dibbouk !

Si les “contes de la crypte d’Ebay” vous intéressent, je vous invite à lire cet article ultra intéressant publié par le journaliste Rick Paulas, dans lequel il décrypte cette frénésie de l’enchère au glauque. Et si décidément vous n’avez pas froid aux yeux, vous pouvez toujours vous rendre sur le site Creepy Hollows, une boutique en ligne spécialisée dans la vente d’objets aux énergies dites paranormales.

Discours marketing ou vraie possession, je vous laisse juger par vous-même. Pour ma part, les Dibbouk, ils restent au placard, mais si possible, pas le mien !

Et bien voilà, j’espère que cet article qui change radicalement de mon style habituel vous a plu, vous a fait un peu frissonner aussi, et surtout à très vite pour la suite ! Enfin, n’hésitez pas à me dire en commentaires ou en DM sur Instagram si vous avez déjà vécu des expériences de ce genre, je serai ravie de les partager en stories 🖤