Loretta Banana

bizarre

Les pires inventions beauté du siècle dernier : 9 tendances bizarres et effrayantes !

Pour ce nouvel article que j’estampille dans ma collection #Halloween 2020, on va descendre d’un cran niveau creepy (parce qu’apparemment mon post sur la friperie la plus hantée de Paris vous a fait pas mal réagir, ainsi que celui sur les objets vintage possédés). Néanmoins, il n’est pas impossible que vous soyez un tout petit peu mal à l’aise avec la suite.

L’un de mes pires cauchemars de ce 21e siècle fut de découvrir les horreurs qui composent parfois nos produits de beauté actuels. Paraffine, perturbateurs endocriniens, j’en passe et (pas) des meilleurs, me font souvent bondir de mon sofa vintage. Mais croyez-moi, ce n’est RIEN en comparaison avec certaines inventions loufoques voire carrément flippantes et toxiques que les femmes ont eu le malheur d’utiliser au siècle dernier. Tout ce qui suit est vrai et on ne peut plus vrai et confirmerait presque cet adage horrible et des plus désuets “il faut souffrir pour être belle” (ou pas. Plutôt pas, d’ailleurs).

Pour ce sujet, je vous propose 2 articles distincts afin de faciliter votre lecture : j’ai posté le premier volet récemment dont le sujet était dédié à la marque de cosmétiques française à base de radium Tho Radia (vous pouvez le lire en cliquant ici). Ce second volet sera quant à lui consacré à 9 invention farfelues et définitivement creepy autour de la beauté au 20e siècle.

1/ Le salon spa d’Helena Rubinstein

Photo de 1930 dans le salon spa d’Helena Rubinstein d’une jeune femme profitant d’un bain moussant à base d’air comprimé et de lait

J’ai eu l’occasion de lire la biographie de cette pionnière du maquillage (j’en parlais d’ailleurs sur Instagram juste ici) et je suis absolument fascinée par sa détermination et l’empire qu’elle a su bâtir en partant de rien. Toutefois, je dois bien admettre que certaines images d’époque (circa 1930-40) de son salon de beauté du 715 Fifth Avenue peuvent provoquer l’effroi. Je vous laisse juger par vous-même :


Cette photo des années 40 montre des traitements sous forme de masque “contour” pour le visage qui, selon la technique de Rubinstein, permettait de souligner et de rajeunir les traits du visage.

2/ Le masque “Hangover Heaven” de Max Factor

L’iconique marque américaine Max Factor a mis au point, dans les années 30/40, un masque composé de cubes en plastique. Ces derniers devaient être remplis avec de l’eau puis congelés pour qu’enfin le masque puisse être porté pour faire dégonfler le visage et le rafraîchir. Il aurait été inventé pour soulager les starlettes du Old Hollywood entre les prises de vue dans les studios surchauffés… mais semble-t-il qu’il serait aussi particulièrement efficace pour calmer leur gueule de bois (hangover en anglais, d’où le nom du masque) de ces vedettes du ciné après leurs apéros trop arrosés. Ainsi, elles préservaient leur maquillage et leur esprit au frais !

3/ “The new haidryer”

Enchaînons notre salon de beauté des horreurs avec ce sèche-cheveux de 1946 : sa forme façon toile d’araignée semblait particulièrement commode mais aussi effrayante pour sécher individuellement chaque pin-curl.

4/ La cryothérapie des tâches de rousseur

Alors qu’aujourd’hui les tâches de rousseur sont à la mode, la tendance allant même jusqu’à s’en faire tatouer, on ne peut pas en dire de même durant les années 30.
En effet, les femmes avaient la possibilité de “geler” leurs tâches de rousseur (procédure assez similaire à celle utilisée pour les verrues) avec du dioxyde de carbone, puis le médecin utilisait ensuite une petite lame pour en quelque sorte “décoller” la pigmentation des tâches du visage. En une semaine ou deux, la peau cicatrisait sans tâches de rousseur. Ce traitement barbare et douloureux était semble-t-il assez populaire dans les années 30. Pour ce faire, les yeux des patientes étaient recouverts de bouchons hermétiques, leurs narines étaient protégées et elles devaient respirer par un tube. Oui, un vrai film d’horreur.

5/ Le masque chauffant

Après la cryothérapie, le masque chauffant ! Cette invention de 1940 environ est si peu engageant visuellement que je suis étonnée que le concept n’ait pas été repris dans un film d’horreur de slasher. Quoiqu’il en soit, ce “masque à gaz” de la beauté était en réalité un outil qui pouvait se brancher de manière à activer la circulation du sang en chauffant le visage. En plus complément de l’effet “rose” apporté à la peau par la chaleur, cette invention promettait d’éliminer les rides et les poches sous les yeux… Comble de l’ironie, d’après mes recherches, les femmes se mettaient des protections sur les ongles pour éviter que leur manucure ne se détériore au contact de cette innovation… brûlante ! Il est d’ailleurs assez étonnant de se dire qu’elles préféraient protéger leur vernis plutôt que leur peau…

En tout cas, je crois que la promesse de cet appareil s’avérait surtout en réalité d’effrayer toute la famille en portant ce genre d’horreur sur le visage ! À noter également : les masques chauffants sont encore eux aussi à la mode aujourd’hui, mais leur design est tout de même un peu moins angoissant.

6/ Le “Beauty Calibrator” ou “Beauty micrometer”


Je ne sais pas vous, mais c’est de loin l’engin qui m’a le plus effrayée de toutes ces inventions ! On dirait tout bonnement un instrument de torture.
Il s’agit là d’une autre invention de Max Factor datant de 1932. Elle est toutefois plus impressionnante qu’il n’y parait : l’appareil une fois placé sur la tête peut être ajusté aux traits exacts de la personne qui le porte et il existe pas moins de 325 réglages différents ! Le but ? Obtenir des mesures aussi précises que possible du visage et ainsi détecter tous les potentiels défauts (ahem…)  en vue de pouvoir les corriger à l’aide d’un maquillage adapté. Son usage initial était destiné à l’industrie du cinéma pour pouvoir identifier les “défauts” des actrices et ainsi qu’ils apparaissent le moins visible possible sur grand écran. On rêve du Old Hollywood, mais la vie des starlettes de l’époque ne devait pas être des plus évidentes, en réalité ! En tout état de cause, la société Max Factor indique que cet outil leur a été utile pour mieux comprendre le visage féminin…

7/ Le Lipstick Stencil

Celui-ci est mon préféré car très sincèrement, je le trouve adorable et bien pratique. Il n’a rien d’effrayant mais je voulais tout de même le compiler ici car c’est à mon sens une étrangeté qui a parfaitement sa place dans ce classement.
Le lipstick stencil est daté de 1938 environ et permet d’appliquer son rouge à lèvres à partir d’un “pochoir” en forme de bouche. Vous le savez, la façon de mettre son rouge à lèvres, en accentuant l’arc de cupidon ou pas est très caractéristique des époques. Ici, on voit bien la tendance du port du rouge à lèvres puisque clairement il s’agissait d’un produit très populaire dans les années 30 et encore davantage pendant la seconde guerre mondiale (le fait de porter du rouge à lèvres d’un rouge vif était perçu presque comme un effort de guerre !).
Aujourd’hui, nous avons bien des eyeliners à coller alors pourquoi ne remettrait-on pas ce type de pochoir pour un rouge parfaitement appliqué au goût du jour ? En tout cas, je vote pour !

8/ Le cape de protection solaire

Il ne s’agit là ni d’un déguisement d’Halloween ni même de superhéros. Cette cape à pois façon drap de fantôme s’avère en fait être une invention promettant de garder à l’abri les femmes des rayons du soleil. Le but ultime étant de freiner l’apparition des tâches de rousseur et/ou de les empêcher… Décidément, ces pauvres tâches de rousseur n’étaient pas à la fête dans les années 30/40 !

Ceci étant dit, on peut au moins reconnaître à ces femmes un très bon geste beauté (bien qu’extrême ici) : celui de se protéger du soleil, les protections en lait et crème n’étant pas encore répandues sur le marché à cette époque.

À noter également que les modèles de cape se déclinaient en version fantaisie, comme ici avec le motif à pois, et que l’on pouvait compléter la tenue (comme si elle n’était pas suffisamment effrayante…) avec des lunettes contre les rayons UV. Cette invention était apparemment très populaire en Floride, le “sunny state“.

9/ Le “Dimple Maker”

Le Dimple Maker, que l’on pourrait traduire par “l’outil à fossettes” est une curiosité que l’on doit visiblement à Isabella Gilbert of Rochester qui l’a créée en 1936. On conseillait alors aux femmes de le porter 2 à 3 fois par jour à raison de 5 à 10 minutes à chaque fois, au cours de leurs activités quotidiennes (écriture, lecture, repos…).

Elles devaient s’observer dans le miroir et sourire afin de placer toujours l’appareil au même endroit, là où les fossettes commençaient à se dessiner.

Ma foi, il s’agit à mon sens d’un lourd tribu pour de simples fossettes car cet appareil a tout sauf l’air d’être confortable ! Vous vous imaginez descendre vos poubelles avec deux boules en métal vous fissurant le visage ?

Dans tous les cas, ce que l’on peut observer au fil de cette modeste revue d’outils de beauté s’apparentant plutôt à des instruments de torture, c’est que les femmes avaient semble-t-il beaucoup de courage (et d’inconscience) pour répondre aux standards de beauté de l’époque, quitte parfois à mettre leur santé en danger. Néanmoins, nous ne pouvons leur jeter la pierre : ces diktats envahissants font malheureusement partie de la société et nous en payons encore les pots cassés aujourd’hui. Et il suffit de se pencher sur notre rapport au maquillage pour s’en apercevoir (une femme pas maquillée sera souvent perçue comme négligée, celle qui en met trop sera stigmatisée d’une autre manière, bref, rien ne semble jamais satisfaire les standards de beauté de nos époques).

Je pense qu’au contraire, ces différents exemples devraient nous aider à nous émanciper encore davantage et à adopter la “beauté” qui nous ressemble (y compris celle sans artifices), tant qu’elle nous donne confiance et correspond à nos modes de vie. C’est d’ailleurs particulièrement le cas avec l’épidémie de coronavirus qui sévit en ce moment et dont l’une des moindres répercussions touche à notre rapport au maquillage. Beaucoup de femmes ont laissé tombé leurs habitudes de cosmétiques en raison du télétravail et du masque et honnêtement, je le conçois tout à fait. De mon côté, ma passion du maquillage n’en a pas été altérée, si ce n’est le rouge à lèvres que je garde seulement si je sais qu’il ne sera pas bousillé par le port du masque (c’est à dire assez peu souvent). Toutefois, je maquille deux fois plus mes yeux pour conserver la force que mon rouge à lèvres me donne habituellement et j’ai tiré parti du masque en l’imaginant comme un nouvel outil de mystère à associer à ma routine de beauté pour mieux mettre encore en valeur mon regard.

Enfin, quand on me demande pourquoi je continue de me maquiller, même en travaillant de chez moi, la réponse reste indubitablement la même : je me maquille pour moi, pas pour les autres, car ma routine beauté est un moment de plaisir et de méditation et aussi car mon maquillage est aussi la signature de mon style et de ma personnalité. Un allié invisible qui m’aide à accomplir mes tâches de la journée.

Et vous, que pensez-vous de ces instruments de beauté anciens ? Quel est votre rapport à la beauté et au maquillage ?

Les pires inventions beauté du siècle dernier : Tho Radia, la marque de cosmétiques à base de radium

Pour ce nouvel article que j’estampille dans ma collection #Halloween 2020, on va descendre d’un cran niveau creepy (parce qu’apparemment mon post sur la friperie la plus hantée de Paris vous a fait pas mal réagir, ainsi que celui sur les objets vintage possédés). Néanmoins, il n’est pas impossible que vous soyez un tout petit peu mal à l’aise avec la suite.

L’un de mes pires cauchemars de ce 21e siècle fut de découvrir les horreurs qui composent parfois nos produits de beauté actuels. Paraffine, perturbateurs endocriniens, j’en passe et (pas) des meilleurs, me font souvent bondir de mon sofa vintage. Mais croyez-moi, ce n’est RIEN en comparaison avec certaines inventions loufoques voire carrément flippantes et toxiques que les femmes ont eu le malheur d’utiliser au siècle dernier. Tout ce qui suit est vrai et on ne peut plus vrai et confirmerait presque cet adage horrible et des plus désuets “il faut souffrir pour être belle” (ou pas. Plutôt pas, d’ailleurs).

Pour ce sujet, je vous propose 2 articles distincts afin de faciliter votre lecture : voici le premier volet dédié à la beauté radioactive.

Tho Radia : Beauté radioactive

Le radium au service de la beauté par la santé de la peau” !

Je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est de toute évidence l’une des “tendances” de beauté qui m’a le plus fascinée en faisant mes recherches sur les usages des femmes en cosmétiques depuis 1900 et aussi parce que j’ai lu et fait énormément de recherches sur les ouvrières empoisonnées au radium, les Radium Girls (qui fera certainement le sujet d’un article à part entière).

(Et oui peut-être ne le saviez-vous pas, mais j’ai la fâcheuse manie de collectionner les cosmétiques anciens et je suis une FANATIQUE de l’histoire de la beauté depuis l’ère victorienne jusqu’à nos jours. Elle en dit parfois souvent plus que les vêtements pour appréhender la place de la femme au fil des décennies – mais ce n’est que mon avis personnel.)

Et donc j’ai décidé de vous parler d’une marque française, qui a vu le jour en 1932 : Tho Radia. Son créneau ? Séduire les pharmaciens et s’implanter en officine pour proposer à la clientèle féminine divers produits de beauté composés de… et bien de radium et de thorium (entre autres choses). Cela nous parait inconcevable aujourd’hui, pourtant, comme je le disais plus haut, nos cosmétiques actuels ne font pas vraiment mieux. Mais ainsi vous demandez-vous comment de tels produits ont pu être mis sur le marché ?

Cela tient principalement au vide juridique propre à l’époque concernant l’encadrement des produits de soins et de cosmétiques, à une manipulation très habile du fondateur pour faire passer des vessies pour des lanternes (et c’est le cas de le dire avec la phosphorescence du radium) à ses clients et puis aussi à une révolution scientifique qui a déchaîné les passions (le radium).

En effet, grâce à la découverte du radium en 1896 par Henri Becquerel, c’est le monde entier qui s’en trouve bouleversé, et notamment celui de la chimie. S’en suivent les expérimentations diverses réalisées par Pierre et Marie Curie que nous connaissons tous. Puis, un peu plus tard, en 1901, Henri Becquerel dispose un peu de radium dans un tube qu’il place ensuite dans la poche intérieure de sa veste avant de partir pour une conférence. Seulement, quelques heures plus tard, il constate que sa peau comporte des lésions. Il en tire la conclusion que le radium a bel et bien des effets sur l’organisme.

Rapidement, médecins et biologistes ont l’idée d’utiliser le radium, alors très coûteux à l’époque, dans leurs expériences. Même si les savants comprennent très rapidement qu’il s’agit là d’un composant extrêmement toxique, l’idée se répand que si son utilisation est faite à petite dose, elle s’avère excitante et même particulièrement efficace pour traiter la peau et trouver la jeunesse éternelle, raffermir les tissus, guérir les blessures, et mon derrière sur la commode en rotin.

Inutile de vous dire que de nombreux entrepreneurs et créateurs vont s’engouffrer dans la brèche, érigeant le radium comme solution miracle à tous les maux. De 1910 à 1930, la frénésie du radium atteint son apogée et il est considéré par le tout venant comme un produit incroyable, bienfaisant, rare car coûteux, en bref une véritable potion magique. Dès 1920, divers médicaments à base de radium commencent à être développés et commercialisés, mais l’invention est si populaire qu’elle se décline même sur des objets du quotidien : rasoir, vêtement et évidemment horloge, dont les fameux cadrans peints à la main par les tristement célèbres Radium Girls (et vu que je vous parle à nouveau d’elles, je me dis que je vais décidément leur consacrer un article. En attendant, ej vous invite à consulter mes quelques stories épinglées sur ce sujet sur mon compte Instagram juste ici).

Le destin funeste des Radium Girls, intoxiquées par la peinture radioactive qu’on leur fournissait pour rendre lumineux les cadrans d’horloges qu’elles devaient peindre à la main.

La cosmétologie ne tarde pas non plus à s’approprier cette trouvaille et promet monts et merveilles aux clientes, à grands renforts de publicités où les femmes ont le teint lumineux et semblent irradiées par une lumière mystique, (dont cette publicité iconique de la marque Tho Radia qui perdura jusque dans les années 50). C’est dans ce contexte que se développent des marques telles que Ramey et Radium Elys et que sont vendues des crèmes au doux nom de Radior ou d’Activa. La marque Tho Radia utilise un tout autre stratagème en induisant les consommateurs en erreur, ce que beaucoup de marques ont désormais l’habitude de faire même encore aujourd’hui ! Mais revenons-en aux fondements de cette marque purement made in France.

Tho Radia est fondée fin 1932 par un pharmacien parisien, Alexis Moussalli et son concept est clair : surfer sur la vague du radium en utilisant l’argument scientifique, ce que les autres marques de cosmétiques n’ont pas eu l’idée de faire. Il promet ainsi par ses gammes de soins un embellissement de la peau par l’aspect curatif que provoque soit disant le radium. Il va donc tout naturellement avoir la présence d’esprit de séduire en premier lieu les pharmaciens pour que sa marque soit distribuée uniquement en officine et ainsi apporter une garantie pharmaceutique à ses clientes (spoiler alert/instant rageuse : de nombreuses marques actuelles dont les compositions sont pauvres voire dégueulasses utilisent aussi la caution “pharmacie” pour distribuer leurs produits et prendre accessoirement les consommateurs pour les derniers des idiots en abusant de leur crédulité. Mais je ne tiens pas à me faire des ennemis donc je ne citerai personne).

Cette coupure de presse a été trouvée par mes soins dans le ELLE daté du 14 mai 1946. Je voulais la partager avec vous pour bel et bien vous prouver que cette marque était véritablement présente dans les magazines féminins.

Et parce que ce bon Alexis n’était visiblement pas à une roublardise prêt, il a eu l’audacieuse idée de faire appel à un certain docteur Alfred Curie, qui ne partage absolument rien en commun avec Pierre et Marie Curie si ce n’est le même nom. Un nom qui, aux oreilles des potentiels clients, apporte une crédibilité supplémentaire et qui sera un atout déterminant pour la suite de son business (et même moi qui faisais mes recherches sur Tho Radia, je me suis fait bêtement avoir au départ, pensant que ce dernier avaient un lien de parenté avec les génies du radium). Alors que décide-t-il de faire, ce bon Alexis ? Et bien tout simplement ce que n’importe quel business man sans vergogne ferait : apposer le nom d’Alfred Curie sur ses pots de crème. Publicité mensongère, vous dites ?

En tout cas, la législation n’en a cure (c’est le cas de le dire) puisqu’elle n’existe tout bonnement pas à cette époque. Ainsi, le Alfred Curie prête, dans le plus grand des calmes, son nom, dans le but de promouvoir la crème Tho-Radia, soit-disant conçue “selon la formule du Dr Alfred Curie”. L’objectif étant bien sûr d’abuser de la crédulité des pharmaciens et clients en leur laissant penser que cette marque est approuvée par les Curie. Néanmoins ce mensonge portera ses fruits puisque la marque aura une très belle notoriété à l’époque et enrichira son offre de nombreux autres produits : crème solaire, rouge à lèvres, poudre pour le visage…

Toutefois, en 1937, la législation sur la vente de produits contenant du radium change ENFIN : les marques sont désormais contraintes d’utiliser une signalétique précise (une pastille rouge affublée du texte “poison”) pour signaler que leurs articles contiennent des ingrédients radioactifs. De plus, ces produits ne peuvent plus être vendus désormais que sur prescription médicale. Tho Radia sent le vent tourner et adopte une nouvelle stratégie : faire disparaître toute trace de radium et le nom d’Alfred Curie pour se concentrer désormais sur son succès.

Je ne vais pas vous faire tout l’historique de la marque par la suite bien que celui-ci fut particulièrement mouvementé notamment pendant la seconde guerre mondiale mais en tout cas Tho Radia a été commercialisée jusqu’à la fin des années 1960 et a évidemment marqué l’univers des cosmétiques. À noter aussi : ces crèmes, bien que vantées comme étant au radium, en étaient finalement très peu dotées, principalement parce que celui-ci coûtait extrêmement cher à l’époque (et pas parce que c’était dangereux, hein). Les femmes ne s’exposaient donc pas à un risque démesuré en s’appliquant ces produits. Si vous voulez en savoir plus sur la marque Tho Radia et son incroyable ascension pendant les années folles, je vous invite à écouter cette émission de France Culture : “Tho radia, aventures et mésaventures d’une crème miracle”.

J’espère que cet article vous aura plu ! À la semaine prochaine pour l’édition n°2 des pires inventions de beauté du siècle dernier !