Loretta Banana

paris

Mon shopping dans la friperie la plus creepy de Paris 🔪

[Disclaimer] 
Rien de ce que je vais vous écrire ici dans cet article n’est paranormal. En tout cas d’un point de vue purement factuel. Mon récit n’est basé que sur mon expérience personnelle et mon ressenti, mais celui-ci fut si fort que je trouvais intéressant de partager mon histoire avec vous. Il est fort probable que, si d’aventure, vous vous retrouviez dans cette boutique, rien d’anormal ne vous arriverait (en tout cas je vous le souhaite, pauvres mortels, ha ha ha). Et pour ce qui est du nom de l’enseigne je ne la citerai pas, ni dans l’article, ni dans les commentaires (mais si vous me soudoyez en DM sur Instagram, peut-être que je concèderai à vous donner son nom). Il ne manquerait plus que l’on m’attaque pour diffamation !

Ceci étant dit, nous allons pouvoir commencer.
Dans mon précédent article, je m’étais déjà évertuée à associer deux sujets pour lesquels j’ai une passion sans limite : le paranormal ainsi que le vintage. J’y évoquais donc le cas des objets hantés et les possibles malédictions et autres esprits facétieux cachés dans nos trouvailles de brocante. J’y avais rapidement fait un écho sur les lieux qui abritent des énergies. Et peut-être que, comme moi, vous avez déjà éprouvé un sentiment plus ou moins intense de malaise en pénétrant dans un espace. Cette impression désagréable est heureusement généralement occasionnelle et a tendance à vite s’évanouir, en tout cas en ce qui me concerne. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas le cas.

Comme toujours, je vous invite à vous munir de votre eau bénite, et c’est parti mon kiwi !
Mon amour du vintage me pousse à courir les boutiques d’antiquités et autres friperies qui croisent mon chemin, partout où je vais. Je suis une irréductible de la brocante, une casse-cou de la friperie et je fais très peu de cas d’une devanture poussiéreuse ou d’une sélection qui, de prime abord, ne m’inspire pas. Je laisse toujours sa chance à l’endroit, car si comme moi vous aimez les vieux objets et aimez débusquer des trésors, il faut multiplier les visites et mettre de côté ses a priori (mais si vous avez lu mes bons conseils pour chiner vintage, vous le saviez déjà). C’est donc ce que j’ai l’habitude de mettre en pratique. Et parfois, les commerçants ont le don de savoir mettre en scène avec délicatesse leurs trouvailles, et parfois moins.

Ainsi, que cela soit ici, à Paris, ou au fin fond d’une boutique-cave mal éclairée comme dans l’un de mes repaires fétiches dans le Berry (il faut littéralement se munir de la lumière de son téléphone pour regarder correctement les objets) ou même dans les “antiques” de Louisiane aux Etats-Unis qui parfois vous surprennent avec des pantins flippants au détour d’une allée (je vous jure que c’est vrai, Toy Story 4 ne ment pas), je peux dire qu’il en faut beaucoup pour m’effrayer ou me mettre tout à fait mal à l’aise.

Même si j’ai en horreur les poupées et en particulier de porcelaine, comme je le disais dans mon article sur les objets hantés, je ne rebrousserai pas chemin parce que j’en croise une au gré de mes flâneries. Cette longue introduction vise surtout à vous expliquer que, clairement, ce qui s’est passé lors de ma visite dans cette friperie parisienne, relevait d’autre chose que d’un endroit simplement mal éclairé.

J’ai bien sûr mes adresses fétiches, celles que j’affectionne, pour m’offrir de jolies pièces vintage. Mais j’aime découvrir de nouveaux lieux. Et par un hasard des plus étranges, la friperie dont il est question est située dans une rue parisienne que j’arpente quasi quotidiennement sans jamais l’avoir vue, ni même aperçue, en tout cas avant d’y pénétrer ce fameux après-midi pluvieux d’automne. Il ne s’agit pas d’une grande rue et les commerces n’y sont pas non plus envahissants. Et pour une personne aussi passionnée par les vêtements anciens et qui débusque une brocante à plusieurs kilomètres à la ronde, j’ai bien du mal à me dire que cette boutique ne m’ait jamais interpelée.

Pourtant, il y a tout pour la remarquer : sa vitrine déborde de vêtements, entassés les uns sur les autres, mélangeant les styles sans égard. La boutique semble, de l’extérieur, littéralement vomir de tissus. Des cintres sont accrochés à même la porte d’entrée, dévoilant ainsi quelques pièces de grande marque. Une robe Chanel côtoie un sac en cuir délabré. Un escarpin des années 80 semble chercher sa paire. Parfois même, d’angoissants mannequins sont placés à l’extérieur sur le trottoir, comme pour signifier que d’autres attendent impatiemment notre venue à l’intérieur pour aspirer nos pauvres âmes infortunées. Mais encore faut-il que la boutique soit ouverte. Car, comme pour nourrir le mystère, cette échoppe n’ouvre qu’au bon vouloir de son gérant. Un papier est griffonné à l’extérieur, indiquant des horaires d’ouverture des plus étranges… Ainsi, l’espace est totalement fermé le samedi, ce qui est des plus étonnants pour une boutique de ce type et localisé dans le quartier en question. Mais soit…

Ce que je sais, en tout cas, c’est que mon esprit ne voulait tout simplement pas voir ce lieu. Jusqu’à ce fameux jour.

Moi en arrivant devant la boutique en question :

Un dimanche, après une grande balade avec mon ami, nous empruntons cette fameuse rue dont je ne peux vous révéler le nom. C’est là qu’il me suggère une visite dans cette friperie au sein de laquelle il s’était déjà rendu, une fois ou deux, mais qu’il n’avait pas apprécié plus que cela. Il me fait part de ses doutes quant au fait que je puisse apprécier l’endroit, mais après tout, il en faut plus pour me décourager.

J’hésite un instant, inspecte la vitrine qui ne m’inspire guère, mais comme je vous l’ai dit plus haut, je mets de côté mon a priori et mon intuition plutôt négative pour donner sa chance à l’endroit. Nous pénétrons dans ce qui me semblait être une boutique minuscule et qui s’avère en fait bien plus dense que je ne l’imaginais. Je ne remarque pas immédiatement qu’un escalier mène vers un étage en-dessous. Mon ami s’y faufile tandis que je parcours calmement les portants du rez-de-chaussée. Le monsieur à la caisse n’est pas particulièrement aimable, mais il ne me semble pas hostile pour autant.

Mais très vite, quelque chose me chafouine, et cela n’a RIEN de paranormal. Je dirai même que c’est souvent une constante dans certaines friperies parisiennes. Je constate que les vêtements, entassés les uns sur les autres, sont très sales et en très mauvais état. Ils sont criblés de trous, de tâches et vendus à des prix exorbitants. Alors certes, ils ont parfois de belles étiquettes de luxe, mais cela ne justifie en rien les sommes réclamées. Je profite de cette interlude pour clairement fustiger ces vendeurs qui proposent des haillons à des prix incroyables sous prétexte que c’est vintage ! Le vintage peut subir les dommages du temps, cela fait partie du charme et je suis totalement en phase avec ça, mais veillez à ne pas trop prendre les clients pour les idiots du village. Ça, croyez-moi, ça a le don de m’agacer fortement.

Ainsi, bien que consternée par ce que je vois, je continue ma chasse aux trésors du plus calmement que je peux, mais je commence évidemment à réaliser que ce n’est pas dans cette friperie grotesque que je trouverai le moindre trésor. Manque de bol, je suis repartie les mains vides, mais avec un esprit farceur ou je ne sais quelle diablerie, collée aux basques…

À mon tour donc d’emprunter l’escalier étroit menant à l’étage d’en-dessous. C’est précisément à cet instant d’ailleurs que je réalise son existence. Me voici au premier sous-sol de cette friperie qui, décidément, me surprend de plus en plus, et pas de la manière la plus positive qui soit. Devant moi, s’étend un nouvel espace de chine, et je ne ressens rien, en tout cas : rien d’excitant. Aucune once d’excitation ni d’adrénaline. Pourtant, ceux qui me connaissent le savent : je ne refuse JAMAIS ni un verre de Sancerre, ni une session shopping vintage. Mais là, je ne sais pas si c’est le fait d’être descendue, et donc d’être dans un espace sans lumière extérieure, ou si c’est le fait de ne pas voir mon ami, ou peut-être autre chose, mais je commence à ressentir une impression qui me met très mal à l’aise. Il y a pourtant une autre personne en train de regarder les portants calmement, mais rien n’y fait : je sens mon angoisse monter de manière parfaitement incontrôlable.

Étant d’un naturel anxieux, j’ai l’habitude de gérer mes angoisses, alors je me ressaisis et tente de me concentrer sur les cintres qui meublent l’étage et sur ce qu’ils pourraient m’offrir d’intéressant. J’ai l’habitude aussi des impressions étranges associées à des lieux, cela m’arrive peu souvent, mais mon 6e sens sait toujours se rappeler à moi quand c’est nécessaire. Alors j’essaie de me contrôler, de ne plus y penser, et de focaliser mon attention sur les jeans vintage qui sont exposés. Ce petit jeu dure quelques minutes, jusqu’à ce que mon appréhension se fasse plus pressante, plus oppressante aussi.

Mon regard quadrille l’espace quand je commence à réellement me sentir submergée par l’émotion. Je sens littéralement mon coeur s’accélérer et battre à une cadence qui commence à m’effrayer. Mais certainement pas autant que cet endroit. Quelque chose de négatif est en train de se passer mais j’ignore ce que c’est. Mes mains sont moites, je me sens prisonnière et j’étouffe tellement dans ce lieu que je m’empresse de desserrer mon manteau pour respirer.

Une négativité extrême m’envahit et je sais que cette émotion n’a rien à voir avec moi.

Je me sens épiée, regardée, observée. Une négativité extrême m’envahit et je sais que cette émotion n’a rien à voir avec moi. Pourtant, elle est là et me contrôle, tant et si bien que je perds tout sens logique. Je n’ai qu’une envie : me précipiter dans les escaliers et courir hors de cette boutique, mais je ne peux pas. Je dois retrouver mon ami.

Mon coeur veut se projeter en dehors de ces murs, mais ma raison sait que je dois désormais descendre un étage plus bas. Car c’est là que je comprends qu’un autre escalier semble mener vers le second sous-sol, peut-être la porte vers les tréfonds de l’enfer ?

Allez, on décompresse un gros coup : je n’ai pas croisé de diablotin me piquant les fesses avec délectation munie de sa fourche à l’étage inférieur. J’ai retrouvé, avec un soupçon de soulagement, mais sans grande surprise, mon ami, qui était en train de passer en revue ce 3e étage de fripes, dans le plus grand des calmes. Immédiatement rassurée, j’accours vers lui pour lui manifester mon malaise et mon sentiment d’oppression. L’avoir retrouvé m’a soulagée, certes légèrement, c’est vrai, mais pour autant, mon état d’anxiété ne s’est pas évaporé, j’aurais même tendance à dire qu’il s’est exacerbé en descendant davantage. Quelque chose clochait définitivement là-bas à cet instant, et cela n’avait rien à voir avec une angoisse due au fait que je sois momentanément seule dans ce lieu (surtout que j’ai l’habitude de cela). À toutes fins utiles, je tiens à préciser que je ne suis pas claustrophobe pour un sou.

C’est ainsi que nous sommes rapidement remontés au rez-de-chaussée, avons pris nos clics et nos clacs et sommes partis. Le monsieur de la caisse n’avait pas bougé d’un iota et était toujours recroquevillé sur sa chaise, à dieu sait quoi faire. C’est à peine s’il a remarqué notre présence et notre sortie en trombe. Étrangement, la fuite de la boutique m’a à peine soulagée. Il m’a fallu, et c’est important de le mentionner, pas loin d’une heure pour retrouver mon état normal. Et c’est bien la première fois qu’un sentiment de malaise aussi intense s’empare de moi. Pourtant croyez-moi, je reviens de loin : je l’ai déjà dit ici, mais j’ai vécu toute mon enfance dans une maison dont je suis persuadée qu’elle était (et est toujours je présume) hantée et j’ai vécu quelques expériences paranormales extrêmement dérangeantes au cours de ma vie dont certaines qui, véritablement, sont bien pires sur le papier que ce fragment d’expérience désagréable dans un sous-sol de boutique. Pour autant, je n’ai JAMAIS ressenti un sentiment aussi intense que celui qui m’a habitée dans ce lieu, ce jour-là.

Je ne peux pas l’expliquer de manière concrète et scientifique ni même de manière paranormale. Tout ce que je sais, c’est que j’ai vécu un moment fort désagréable et marquant, et que pour toutes les broches vintage du monde, je ne remettrai jamais les pieds dans cet établissement. Chose drôle : j’ai presque un sentiment positif en passant devant désormais. Comme si j’étais simplement heureuse d’en être sortie vivante ou de ne pas avoir été transformée en crapaud pour le reste de ma vie.

En tout cas, à l’heure où je vous écris, la boutique reste désespérément fermée depuis un bon moment, ce qui est possiblement un triste effet de la crise du coronavirus.

Alors, maintenant, je sollicite votre avis : est-ce que ce lieu est chargé en énergies négatives ? Des choses regrettables s’y sont-elles déroulées ? Est-ce qu’un esprit farceur ou malveillant veut garder pour lui égoïstement tous les vêtements vintage de la boutique (il serait bien peu exigeant, mais soit) ? Ou est-ce simplement un concours de circonstance et mon esprit qui s’est emballé pour construire un scénario d’angoisses ? 

Je laisse planer le doute, même si je reste convaincue que ce lieu a été chargé en énergie négative, un jour ou l’autre, et qu’il aurait bien besoin d’un bon coup de sauge XXL et d’une décontamination par les soeurs Halliwell.

N’hésitez pas aussi à m’écrire en DM si vous avez vécu une expérience similaire, je serai ravie de partager l’expérience en stories. Boo! 👻

La Parisienne chic des années 50 avec le SLM Show ✨

Bonjour par ici !

Voilà une série de photos qu’il me tardait de poster ! Il y a quelques temps maintenant, Sarah-Lou, la photographe talentueuse du SLMshow m’a contactée pour réaliser une série de photos sur un thème qui nous est cher à toutes les deux : la parisienne chic des années 50. Et vous commencez à le savoir : il m’est impossible de refuser de sortir mes jolies robes dans les plus beaux coins de Paris. Ainsi, après quelques modifications de tenue et de lieu en raison d’une météo peu clémente (pourtant sous le ciel d’août), nous avons finalement décidé de poser mes escarpins au Palais Royal.

En résulte ces superbes clichés, tous retravaillés avec soin par Sarah-Lou pour leur apporter cet aspect vieilli et typique des vieilles cartes postales d’époque. J’espère que ces photos vous feront voyager quelques instants dans un Paris oublié et désuet, et feront fonctionner votre imaginaire en ces temps de confinement.

Concernant ma tenue, tout est vintage, mais d’époques variées : la robe est une Mad Vintage des 70’s (dans un style années 40), la minaudière est vintage, trouvée sur une brocante, mes bijoux sont également vintage (le bracelet déniché dans le concept-store Babel), mon foulard est un Lolita Lempicka très ancien également. Seules mes chaussures sont neuves et proviennent de chez Miss L Fire. Je les trouve très confortables et les possède également en rouge, (vous pouvez les voir en situation ici).

Un grand merci à Sarah-Lou pour son superbe travail (j’ai hâte qu’on s’y remette 😘✨), vous pouvez la retrouver et la soutenir aussi sur Instagram ici et ici

A très vite et surtout prenez soin de vous 💖

Dans ma bibliothèque #7 : féminisme & bordels

« Reading gives us somewhere to go when we have to stay where we are. »
(Lire nous donne quelque part où aller quand nous avons à rester là où nous sommes)

[ Préambule ]
Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai toujours ressenti un vif intérêt pour le milieu des courtisanes. Cocottes, lionnes ou grandes horizontales, peu importe la manière dont vous souhaitez les appeler, elles ont peuplé l’imaginaire collectif (et l’histoire) de leurs frasques, de leur parfum de scandale et de leur aura de mystère. On les a souvent dépeintes comme des femmes émancipées, des figures féministes tout en étant des femmes assumées. J’ai lu beaucoup d’ouvrages à leur sujet et j’ai toujours été admirative de leur détermination : La Belle Otéro, Cléo de Mérode, la Castiglione, et bien d’autres, ont souvent occupé mon imaginaire et mes lectures. (Il y avait d’ailleurs une fantastique visite proposée par un guide tout aussi fascinant au sein du célèbre établissement Maxim’s de Paris, connu pour avoir vu défiler bon nombre de Grandes Horizontales, et dans lequel avait été reconstitué un appartement de cocotte à la belle époque. J’ignore si ces visites sont toujours d’actualité, mais je vous la conseille absolument si le sujet vous fascine ainsi que l’Art Nouveau !)

C’est ainsi donc que j’ai commencé à m’intéresser davantage au milieu des bordels ou, appelons les choses telles qu’elles sont : la prostitution, mais toujours d’un point de vue historique, et jamais pour le fustiger mais pour mieux le comprendre, car il est bien souvent opposé au féminisme, une cause qui m’anime aussi énormément. Pour me faire donc ma propre opinion, j’ai voulu creuser davantage le sujet, car bien souvent les médias n’abordent qu’un seul aspect : le sensationnalisme, la victimisation et le racolage. Je pense que comme pour toute thématique, la réalité est bien plus contrastée.

Ceci étant dit, je vais rentrer davantage dans le vif du sujet et vous parler littérature, puisque c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui.

Pour commencer, j’aimerais parler du livre le Guide historique du Paris Libertin que j’ai beaucoup apprécié, puisqu’il mélange habilement histoire et “galanterie”. On y découvre tous les lieux qui ont rythmé la vie sulfureuse des Parisiens dans les années 20, le tout ponctué de photos et d’anecdotes, et c’est fascinant ! J’ai par exemple découvert que l’appellation de “Lorette” était donnée aux jeunes élégantes vivant de leur relation avec ces messieurs – et non, je vous vois venir, mon pseudo ne vient pas de là – en partie du fait que le quartier de Notre-Dame-De-Lorette, alors en pleine construction, abritait leurs amours secrètes. 

« Je suis coquette
Je suis lorette,
Reine du jour, reine sans feu ni lieu !
Eh bien ! J’espère
Quitter la Terre
En mon hôtel… Peut-être l’hôtel-Dieu… » 

C’est dans cette optique que je souhaite vous parler de deux ouvrages que j’ai lus. Presque 100 ans les sépare (l’un est daté de 1928, l’autre de 2019) et pourtant, ils relatent tous les deux la même chose : la narration d’une jeune femme, journaliste pour la première, écrivaine pour la seconde, dans le milieu des bordels. Bien que ces deux livres n’aient rien en commun dans l’écriture et le récit, ils relèvent chacun du domaine du “reportage en immersion”.

Je vais tout d’abord vous parler du plus ancien :

Livre N°1 : Maryse Choisy – Un mois chez les filles

J’avais déjà lu ce livre il y a un moment et avais effleuré son sujet ici

Le contexte :
Maryse Choisy, journaliste et “femme du monde” comme elle aime à le rappeler à plusieurs reprises, se décide à enquêter dans le milieu très fermé de la prostitution parisienne. Rédigé en 1928 et écoulé à plus de 450 000 exemplaires, ce livre fait naturellement scandale et… couler beaucoup d’encre ! Elle endosse tour à tour le rôle de femme de chambre, de danseuse dans un bar lesbien et parvient même à s’introduire dans les dancings de la pègre, pour relater, analyser en toute discrétion les dessous d’un monde obscur et mystérieux. 

Ce que j’en ai pensé : j’ai lu à plusieurs reprises que cet ouvrage était profondément féministe, et même si je trouve l’audace et le courage de Maryse Choisy remarquables (car rappelons tout de même que ce genre de récit est risqué et totalement nouveau pour l’époque), je suis plus mitigée sur l’aspect féministe. Elle n’hésite pas à rabaisser certaines catégories de femmes dans l’optique de mieux mettre en valeur son statut de “Femme du monde”, ce qui à mon sens est éloigné de la définition de féminisme actuel comme je l’entends.

D’autre part, si vous souhaitiez des révélations choquantes, il vous faudra passer votre chemin (et plutôt vous rabattre sur le livre suivant) : certes, ses écrits ont scandalisé ses contemporains, mais d’un point de vue de personne vivant au 21e siècle, l’aspect sulfureux s’est érodé avec le temps. Hormis cela, son récit est passionnant, ponctué de réflexions personnelles intéressantes et qui permettent de s’imaginer ce que devait être la société de son temps.

J’ai aimé ressentir la passion qui l’animait en écrivant ces lignes, son ton parfois moqueur, souvent sournois, et diablement en avance pour l’époque.


 

Livre N°2 : La Maison – Emma Becker

Le contexte :
On reprend le même environnement que pour l’ouvrage précédent, mais cette fois-ci en Allemagne, au 21e siècle. On mélange le tout, et cela donne le livre La Maison d’Emma Becker. 
Cette toute jeune Française, écrivaine de son état et dont j’ignorais l’existence auparavant, réside à Berlin, en Allemagne. Pour les besoins d’un futur ouvrage (ou pour se connaître elle-même, j’aurais plutôt tendance à penser), elle décide de rejoindre une maison close légale, puisque la prostitution est acceptée et tolérée en Allemagne. 

Au travers de son roman, elle dissèque ce monde inconnu, parle de ses collègues, de ses clients, de sa vie, en somme.

Ce que j’en ai pensé :

Premier constat : 100 ans après Maryse Choisy, rien n’a vraiment changé. Faire le choix de la prostitution comme décision assumée semble préjudiciable aux yeux de la société. J’ai regardé beaucoup de reportages, écouté des podcasts traitant de son livre, et les avis semblent toujours en demi-teinte. Comme si le fait d’embrasser ce choix était inacceptable, que la société avait à valider – ou non – le bien-fondé de sa démarche. Et rien que pour ça, j’ai eu envie de la lire ! Car que cela plaise ou non, n’importe quel humain, a le droit de disposer entièrement de son corps.

Toutefois, vous dire que j’ai adoré ce livre serait un mensonge. Mais vous affirmer le contraire le serait tout autant. J’ai lu ici et là que ce récit était un hommage déguisé à la prostitution. Ce n’est pas totalement faux, mais il s’agit surtout à mon sens d’une démarche personnelle très intime, très ancrée en elle, qui bien sûr, peut choquer, puisqu’elle va totalement à contre-courant de la bienséance (feinte) que la société souhaite nous projeter. Et grand diable, vous pensez : une femme qui dispose de son corps et fait de l’argent avec ? Mais vous n’y pensez pas ! 

Bref, c’est par curiosité et féminisme que j’ai eu envie de lire son expérience. Je ne veux pas vous spoiler son récit, mais je suis loin d’avoir accroché avec tout. Et contrairement à l’ouvrage de Maryse Choisy, l’omniprésence de scènes de sexe avant même son arrivée dans la Maison dans laquelle elle travaillera est, je trouve, un peu à côté de la plaque et pas forcément utile, tout comme la banalisation de la drogue qui revient à tout bout de champs. Je comprends qu’elle ait pu en avoir “besoin” pour tenir le choc, mais c’est le fait qu’elle le banalise un peu avec nonchalance qui m’a chiffonnée.

Le tout manque, à mon goût, (car encore une fois, ce n’est que mon humble avis !), de cohérence et de structure, et j’ai parfois trouvé son ton très condescendant, voire hautain. J’avais du mal à me sentir proche d’elle et à me projeter dans son expérience à cause de cela. Néanmoins, je dois tout de même dire que j’ai été très absorbée par son récit, et que j’ai lu son livre très rapidement. Malgré mon agacement parfois, je n’arrivais pas à lâcher mon bouquin, et j’ai trouvé sa démarche courageuse et nécessaire car tout le monde n’en aurait pas été capable, et j’ai vraiment senti que cela relevait d’un désir plus personnel que la rédaction d’un livre.

Ce que j’ai aimé par-dessus tout, et c’est pour ça que je vous conseille ce livre au final, c’est son amour des femmes et du féminin. Finalement, la prostitution n’est qu’une toile de fond, et même si certains clients sont évoqués, ce sont les femmes, qui sont les héroïnes de son récit. J’ai senti une vraie cohésion entre ces femmes, une admiration aussi de leur beauté, de leur féminité. Certains passages où elle prend le temps de détailler ses collègues, leur allure, leur personnalité, sont émouvants et très beaux. Une dimension qui manque cruellement au livre de Maryse Choisy.

Enfin, je me suis retrouvée sous un aspect qui la pousse à cette expérience : sa recherche de féminité. Elle évoque sans détour son obsession pour les femmes, et plus globalement sur la recherche de féminité, dans ses yeux et dans ceux des autres, quelque chose qui m’a toujours animée, depuis toute petite. J’en parle d’ailleurs ici. Et d’une certaine manière, c’est ce qui m’a aussi poussée dans le burlesque. Alors même si je n’irai jamais vendre mes charmes dans une maison close (avouez que vous y avez cru un quart de seconde hahaha), j’ai dans un sens, compris sa démarche profonde.


Cette curiosité m’a donc tout naturellement amenée à me documenter sur ce que la prostitution voulait dire aujourd’hui. J’ai écouté de nombreux podcasts à ce sujet, dont voici ceux que je vous conseille en priorité :

– “Prostitution : ceux qui disent oui, ceux qui disent non” de Binge Audio 

– Ensuite, je vous conseille vivement “Le Putain de Podcast réalisé par Loubna, une ancienne TDS et qui, chaque mois, invite une personne travaillant dans ce milieu. On est très loin des stéréotypes véhiculés par les médias, j’ai appris énormément de choses, cela déconstruit totalement les préjugés de manière simple et humaine. C’est vraiment un contenu de grande qualité, qui devrait être écouté par tous/tes.

– Enfin, ma douce amie Maty m’a conseillée une série de 10 épisodes de podcasts produits par Nouvelles Ecoutes, intitulée “La politique des Putes”. Le thème est ici également abordé par des TDS. Je trouve ce podcast plus politiquement engagé que le précédent, mais c’est justement ce qui m’a plu, il m’a ouvert de nouvelles perspectives de pensée et d’interrogations. Beaucoup de questions sociétales y sont soulevées, car finalement on peut légitimement se demander, par extension, si la sexualisation n’est pas une forme de prostitution ? Bref, vous l’aurez compris, ce podcast est extrêmement riche et vraiment édifiant, j’ai trouvé chaque témoignage fort et extrêmement courageux.

Enfin, que l’on soit bien clair : je ne débattrai pas de savoir ici, si oui ou non, la prostitution devrait être interdite ou tolérée voire même acceptée (même si en filigrane, j’imagine que vous devez vous faire votre idée), non pas que je n’ai pas d’avis là-dessus, bien au contraire, (j’en ai un et je le crois honnête) mais plutôt de simplement vous exposer divers contenus pour enrichir votre opinion. Je n’ai de toute façon pas la prétention de balayer tous les tenants et aboutissants et il serait d’ailleurs impossible de tout faire tenir en un seul et même article qui puisse être digeste pour vous. Toutefois, il est possible que je publie d’autres articles en fonction de mes prochaines lectures (même s’il est fort probable que ceux-ci traitent de ce sujet dans l’histoire, qui est tout de même le pans qui attire le plus mon attention).

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Vous pouvez consulter les précédentes éditions de ma série “Dans ma bibliothèque” : Glamour Hollywoodien // Destins de femmes féministes // Roaring 20’s & babydolls // “Esprit es-tu là ?

J’ai deux amours, mon Pays et Paris ♫

C’est avec cette chanson d’une femme qui est l’une de mes icônes et qui parle d’une ville qui m’est chère, Paris, que je voulais ouvrir ce post ! Comme Joséphine Baker, Paris est l’un de mes amours (et Josy aussi, soit dit en passant), en dépit de ses occupants souvent bien ronchons et d’une politesse qui semble avoir été remisée aux catacombes !

Toujours est-il que j’ai adoré ce moment et ces photos, grâce à l’initiative de la si douce et talentueuse Bulle de Mint. J’avais eu la chance de découvrir cette jeune femme lors de l’avant-dernier Dapper Day, puis l’avais revue lors du dernier en date (je vous en avais parlé ici et dont elle était la photographe officielle) et depuis j’ai non seulement pu apprendre à mieux la connaître, mais je me suis surtout trouvé beaucoup de points communs avec elle.

Aussi, lorsqu’elle m’a proposé de faire ces quelques photos, j’ai évidemment accepté immédiatement ! J’ai vraiment adoré le choix des lieux si iconiques de Paris et surtout son regard de photographe bienveillant.

Enfin, concernant ma tenue, hormis cette cape tout droit sortie de mes rêves (je voulais absolument ce genre de manteaux pour l’hiver et surtout dans un rose poudré si parfait), aucun de mes vêtements n’est de cette saison, tout simplement car j’ai décidé de restreindre mes achats, notamment au sein des grandes marques chez qui je ne me reconnais plus, tant dans les matières utilisées que dans les conditions de fabrication. J’achète donc moins, mais mieux. Je suis d’ailleurs en train de préparer un long post à ce sujet !

Cape : Gérard Pasquier (dénichée inopinément dans une boutique outlet)
Pull : Monoprix
Jupe : Cyrillus
Bottines : André
Boucles d’oreilles : Mango
Collants : Calzedonia
Ceinture : Mademoiselle R (La Redoute)
Bracelet : Lotta Djossou
Sac : vintage

Belle semaine